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 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

Rwanda: les juges françaises veulent des moyens pour des enquêtes complexes

20 Janvier 2010 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Justice et Droits de l'homme


PARIS — Les juges françaises Fabienne Pous et Michèle Ganascia, si elles saluent le rétablissement des relations diplomatiques avec le Rwanda, souhaitent plus de moyens pour enquêter sur des dossiers complexes, dans le cadre d'un futur pôle spécialisé "génocides" au tribunal de Paris.

"Le rétablissement des relations diplomatiques va dans le bon sens" pour le travail des juges, estime Mme Pous dans un entretien à l'AFP.

La France et le Rwanda ont annoncé fin novembre le rétablissement de leurs relations diplomatiques, rompues fin 2006 après l'émission de mandats d'arrêt visant des proches du président Paul Kagame.

Cette annonce est intervenue alors les deux juges rentraient du Rwanda où elles ont enquêté sur des plaintes visant des Rwandais pour leur implication présumée dans le génocide de 1994. Il s'agissait du premier déplacement de magistrats français depuis la rupture diplomatique.

"Nous pensions être interpellés sur notre travail. Or nous avons rencontré des Rwandais très ouverts, qui veulent savoir ce qu'ils peuvent faire pour nous aider dans notre travail", rappelle Mme Pous.

"Nous leur expliquons notre travail de juge d'instruction en soulignant que nous sommes détachés de tout aspect politique et diplomatique. Il y a une très forte attente au Rwanda" pour ces enquêtes, ajoute-t-elle.

Les deux juges, qui préparent un nouveau déplacement d'un mois en mars au Rwanda, insistent sur la faiblesse de leurs moyens pour enquêter sur des faits de complicité de génocide et de crimes contre l'humanité. Deux autres juges instruisent à Paris des dossiers rwandais.

Leurs enquêtes concernent notamment Agathe Habyarimana, veuve du président Juvénal Habyarimana mort dans un attentat en avril 1994, ou encore Wenceslas Munyeshyaka, ancien curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Kigali.

Parallèlement au rétablissement des relations diplomatiques, le gouvernement a annoncé la création prochaine d'un pôle spécialisé "génocides et crimes contre l'humanité" au tribunal de grande instance (TGI) de Paris.

"On ne peut que se féliciter de l'annonce d'un pôle spécialisé mais de quels moyens disposera-t-il? Comment sera-t-il organisé? Nous n'en savons rien et nous espérons qu'il ne s'agira pas d'un effet d'annonce", estime Mme Pous.

Pour leur prochain déplacement, les deux magistrates ont demandé à être déchargées des permanences habituellement exercées, ce qui leur a été refusé.

"Nous avons la volonté farouche d'avancer mais sommes parfois pris d'un sentiment immense de découragement", confie Mme Pous, soulignant "la grande misère" des juges pour enquêter: pas d'assistant spécialisé, pas de fax individuel, une numérisation limitée des documents.

"Ces dossiers demanderaient un temps plein, de se plonger dans l'histoire, les relations politiques, les mouvements de troupe. Cela demande des déplacements et des dizaines et dizaines d'auditions", ajoute-t-elle.

Pour Mme Ganascia, "la communauté internationale a mis beaucoup de moyens pour mettre en place le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda), la France n'en a pas mis autant" pour les affaires rwandaises de son ressort.

Les juges s'attendent en outre à une charge accrue de travail en raison d'un éventuel reversement des dossiers du TPIR, dont le mandat doit s'achever fin 2010, et de nouvelles plaintes attendues de la part du collectif de victimes.

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