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 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

Général Lafontaine : « Les FDLR sont au Kivu et non à Kinshasa. Je n’irai à Kinshasa qu’avec L. Nkunda et B. Ntaganda »

25 Avril 2010 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Histoire - politique

Les Coulisses n°214

Grand entretien

Le Général Lafontaine fait tête au gouvernement : « Les FDLR sont au Kivu et non à Kinshasa. Je n’irai à Kinshasa qu’avec L. Nkunda et B. Ntaganda »

Le journaliste Nicaise K. Oka a rencontré le général Maï Maï Kakule Sikuli alias Lafontaine du PARECO samedi 3 avril 2010 à Goma. Voulant appréhender au mieux les motivations qui ont guidé le patriote Maï Maï Lafontaine a abandonné la brousse et la réponse du gouvernement à son offre de la paix, Nicaise Kibel’Bel Oka, dans ce tête-à-tête, en a profité pour avoir la primeur des négociations entre les deux parties. Car Lafontaine affirme la main sur le cœur avoir tendu la main au gouvernement congolais : « si réellement vous œuvrez pour la paix au Kivu, j’ai l’expérience nécessaire et je peux y contribuer sauf si ceux qui ont des agendas cachés perturbent la situation ».

Faut-il le croire sur parole ? Aux fidèles lecteurs du journal Les Coulisses d’en juger.

Ci-contre le face-à-face.

 

Les Coulisses : Général, vous voilà à Goma. Quelles sont vos impressions après la sortie de la brousse et après la réunion tenue jeudi 1er avril avec le ministre de la Défense ?

 

Lafontaine Kakule Sikuli : Première déception, au sein du gouvernement en soi, rien vraiment n’est planifié pour une solution définitive au problème des FDLR. De deux, le ministre m’a étonné lorsqu’il me demande : « que voulez-vous qu’on fasse de vous ? » Puis, il me demande d’aller à Kinshasa pour négocier le problème FDLR.

 

L.C. : Que répondez-vous à tous ceux qui vous demandent d’aller à Kinshasa ? Pourquoi refusez-vous d’aller, mieux quelles sont vos conditions pour y aller ?

 

L.K.S. : Les FDLR sont dans le Kivu et non à Kinshasa. Pourquoi vouloir à tout prix amener les gens à Kinshasa ? Pour les abandonner ? Ma condition est simple. S’il faut aller à Kinshasa, nous devons y aller ensemble avec Laurent Nkunda, Bosco Ntaganda et Lafontaine. Je me bats contre eux. Dans le même avion. Voyez-vous !

Le CNDP a intégré ses éléments sur place en gardant ses positions intactes. Pourquoi ne pas faire la même chose avec les groupes armés autochtones. Quand il y a intégration, le gouvernement s’empresse à déplacer tous les éléments des groupes armés congolais sauf pour le CNDP. Y-a-t-il une raison cachée ?

De deux, non seulement le gouvernement nous demande indirectement de laisser le terrain au CNDP, mais aussi, par crainte de ce vide, les FDLR pensent automatiquement que nous allons nous rallier aux FARDC et CNDP pour les attaquer. Conséquence, les FDLR tuent la population dès qu’il y a ce vide.

Pourquoi ne pas organiser les brigades sur place dans nos positions, nous reconnaître FARDC sans nous déplacer ? Après, on procéderait au brassage et/ou mixage progressivement sans brutalité.

 

L.C. : Selon vous, que devrait-on faire pour que les FDLR rejoignent le Rwanda sans tuer les Congolais ?

 

L.K.S. : Les FDLR sont entrés chez-nous en 1994 avec des armes (blindés et chars) au vu de tout le monde. Qu’a fait Mobutu ? Il les a accueillis et concentrés dans des camps des réfugiés. Il a organisé un contingent de ses militaires pour les protéger. Ceux qui avaient planifié le chaos ont attaqué les camps pour les disperser à travers le Congo.

A ce jour, les FDLR n’ont pas confiance au gouvernement congolais.

Hier, le gouvernement congolais déclarait que le Congo est agressé par le Rwanda. Curieusement en 2002, notre gouvernement signe des accords avec les agresseurs pour traquer les FDLR. Le même gouvernement favorise la création de différentes milices armées en provenance du Rwanda avec pour mission de traquer les FDLR. L’exemple du CNDP est éloquent. Les opérations Kimia, Amani Leo sont contraires à la paix. Car, en réalité, par des mécanismes faciles, au final, le Rwanda et le Congo arment les FDLR.

 

L.C. : En bref, pour vous, toutes ces opérations sont contre productives ?

 

L.K.S. : Lorsqu’on traque les FDLR avec comme objectif de les anéantir, on les appuie d’une manière imprudente. Car, c’est la population qui en paie les frais. Or, cette population n’a rien à voir avec le génocide du Rwanda.

 

L.C. : Général, vous collaborez avec eux ?

 

L.K.S. : Ma collaboration avec eux n’est pas une amitié particulière. Suis à côté d’eux pour étudier comment les faire retournez chez-eux.

Car, la solution de leur retour au Rwanda se trouve entre leurs mains. Ils connaissent le chemin. La Communauté internationale bloque leur retour parce qu’elle appuie le jeu du vainqueur.

Il faut d’abord que les FDLR soient acceptés chez-eux (ce qui n’est pas le cas) et sur place, on peut étudier leurs cas. Mais pas au Congo. Pourquoi encourager un plan diabolique qui veut que des Rwandais ayant commis le génocide au Rwanda soient tués au Congo ? La terre rwandaise a besoin de leurs cadavres au Rwanda pour fertiliser les collines et non le Congo.

 

L.C. : Avez-vous rencontré la Monuc ? Qu’est-ce qu’elle vous dit alors ?

 

L.K.S. : La Monuc a le même refrain. Elle veut connaître le nombre de mes hommes : « donnez le chiffre et leur liste avant toute chose ». Nous, nous n’avons pas d’hommes à vendre. Les nôtres se sacrifient pour sauver le pays par le Kivu. Nos hommes ne sont pas incorporés dans les FARDC ni dans la police nationale sauf le CNDP et la RCD. Il y a un agenda caché contre le Congo.

 

L.C. : Votre mot de la fin, mon Général ?

 

L.K.S. : La paix doit se discuter à Goma et non à Kinshasa. Et mon grade et fonction doivent m’être octroyés à Goma avant d’aller n’importe où. Et moi, je ne bougerai pas d’ici sans Laurent Nkunda et Bosco Ntanganda.

Nous allons bousculer les ennemis de la paix au sein des FARDC. Je ne retourne pas en brousse. Nous devons lutter contre la mafia internationale qui  a amené le pays jusqu’à ce gouffre.

Interview réalisée par

Nicaise Kibel’Bel Oka

 

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