Vient de paraître: Histoire du Rwanda, désidéologisation et restitution des faits historiques
Dr. Phil. Innocent Nsengimana, Histoire du Rwanda. Désidéologisation et restitution des faits historiques. Contribution à l’histoire sociale et politique du Rwanda.
Prix 25€ (UE) et 35€ (Hors UE), vous pouvez l'acheter en ligne sur le site www.editions-sources-du-nil.fr ou envoyer un e-mail à sources_du_nil@yahoo.fr
L’auteur nous trace les grandes lignes de son livre.
Question: Pourquoi ce livre ?
Dr. Phil. I. Nsengimana : Désidéologiser l’histoire du Rwanda, telle est la volonté de diverses catégories de Rwandais depuis déjà quelques décennies. Cette volonté est partie d’un constat réel, à savoir : jusque vers la deuxième moitié des années 50, l’historiographie rwandaise était gorgée de lacunes et de falsifications dues, entre autres, à la méthodologie adoptée par les chercheurs de la première heure, celle d’envisager l’histoire du Rwanda sous son aspect unitaire… Cette histoire était axée essentiellement sur le royaume « sindi-nyiginya » qui était pris pour tout le territoire occupé par le Rwanda actuel; elle vantait les hauts faits des dirigeants « sindi-nyiginya », leur soi-disant supériorité et insistait davantage sur l’aspect politico-militaire. L’histoire (les faits et gestes) des autres groupes familiaux et de leurs royaumes n’entraient pas, sinon peu en ligne de compte. Là où ils furent mentionnés, c’était pour la plupart pour présenter leurs situations de vaincu, de conquis, et de dépendant par rapport à la dynastie « sindi-nyiginya ». La contestation de cette histoire est partie vers la deuxième moitié des années 50. A partir de cette période, des monographies se rapportant à d’autres groupes familiaux et royaumes ayant évolué sur le territoire occupé par le Rwanda actuel ont été réalisées dans une même et noble perspective à savoir : la restitution de l’histoire nationale. C’est par souci de participer à cette noble tâche, qu’il faut placer le présent ouvrage : une contribution qui n’ambitionne pas d’être exhaustive mais plutôt une synthèse de données historiques susceptibles de contribuer au rétablissement de la vérité historique…
Question : Comment avez-vous procédé pour arriver à cette synthèse ?
Dr. Phil. I. Nsengimana : Cette synthèse s’est réalisée sur base de l’analyse de tous les apports connus et accessibles se rapportant au passé du territoire occupé par le Rwanda actuel. Ici, toutes les sources furent mises à contribution. De l’archéologie aux archives en passant par les traditions orales populaires et officielles, la linguistique comparative, les généalogies dynastiques, les codes ésotériques et les poésies dynastiques. Il a été également indispensable de sortir de cet espace de 26.338 km² que couvre le Rwanda actuel pour naviguer dans cette aire géographique et culturelle plus vaste qui l’englobe, à savoir la zone interlacustre. Cette démarche a permis de déconstruire certains mythes et légendes comme celui des « Ibimanuka ». Elle a permis de comprendre aisément certains phénomènes sociaux et historiques comme la « multiethnicité des clans rwandais», l’antériorité du Rwanda socio-culturel par rapport au Rwanda « politico-ethnique », l’origine probable des appellations hutu, tutsi et twa… et de présenter l’évolution socio-politique du Rwanda comme tributaire des facteurs constitués par des éléments liés à l’homme et à l’environnement visibles…
Question : A part ces points importants que vous venez de mentionner qu’on retrouve dans votre livre, est-ce qu’il y a (dans votre livre) d’autres considérations historiques qui permettent de suivre l’évolution socio-politique du Rwanda ?
Dr. Phil. I. Nsengimana : Oui, bien sûr. Dans les premiers chapitres du livre, j’ai présenté des données géographiques et historiques qui ont caractérisé le territoire occupé par le Rwanda actuel, seul ou en contact avec les autres royaumes interlacustres pendant la période précoloniale. Ensuite, j’ai relevé les faits historiques sociaux et politiques réels qui ont caractérisé le Rwanda pendant la période coloniale. Enfin, avant la conclusion, j’ai essayé d’identifier et de présenter brièvement les caractéristiques sociales et politiques du Rwanda postcolonial jusqu’à la fin du XXième siècle-début du XXIième.
Question : Dans votre cheminement, vous venez de dire que vous avez parlé de l’époque coloniale ; cette période a été caractérisée par la révolution de novembre 1959 qui, en ce mois de novembre 2019 fête ses 60 ans, êtes-vous revenu à cet événement ?
Dr. Phil. I. Nsengimana : Cet événement que je considère comme la conséquence des déficiences du régime monarchique qui étaient fondées sur des inégalités fait partie des points que j’ai traités dans mon livre. J’ai essayé de montrer les causes indirectes et directes ainsi que les conséquences sur le plan matériel, humain, politico-administratif, juridique et social de cet événement. J’ai montré que la révolution n'a pas été uniforme dans tous les territoires que comptait le Rwanda de novembre 1959. Ici, je me suis basé sur les Rapports des Administrateurs de territoires dont des extraits sont publiés dans les Annexes du livre. Sur base de ces rapports aussi, je suis arrivé à une conclusion que cette révolution a débuté le 3 novembre 1959 et non le 1er novembre 1959. Elle est partie d’une altercation entre le sous-chef Nkusi et les Hutu du Ndiza qui, le 3 novembre étaient venus chez le chef Gashagaza « pour le convaincre du complot du samedi et du dimanche contre les bahutu importants du Ndiza et ensuite de lui dire de quitter la chefferie car au lieu de chercher du bien il cherche du mal pour sa chefferie ». L'attaque dont Dominique Mbonyumutwa fut victime, le 1er novembre 1959, est donc une étape vers l’éclatement véritable de la révolution.
Question : Dans votre présentation, vous dites que vous parlez de la situation socio-politique du Rwanda actuel, comment la voyez-vous ?
Dr. Phil. I. Nsengimana : Dans mon livre, je parle un peu de la situation socio-politique du Rwanda actuel et je constate qu’une marche arrière cuisante en matière de respect des droits de l’homme ainsi que dans le rapprochement des Rwandais est en train d’être accomplie. L’éducation à l’intolérance, à la violence et à la déshumanisation de l’autre s’implante de plus en plus dans le discours politique. Elle se traduise par des arrestations arbitraires, des assassinats ciblés, des harcèlements de tout genre… Les auteurs de toutes ces perversions agissent comme s’ils ignoraient jusqu’où elles peuvent conduire dans la destruction d’un peuple. Et pourtant, des exemples en la matière abondent aussi bien dans l’histoire ancienne que récente du Rwanda.
Certains de ces exemples sont présentés et décrits dans mon livre. Il est souhaitable qu’ils servent d’inspiration à tous les intervenants actifs sur l’échiquier socio-politique rwandais afin qu’ils se ressaisissent et rectifient le tir pour permettre au Rwanda de sortir de cette spirale de violence qui l’endeuille depuis des siècles. C’est du moins mon vœu ardent en tant qu’auteur du livre…
Editions Sources du Nil