L’Union Européenne devrait s’abstenir de financer l’élection présidentielle au Rwanda en 2010 dont on connaît déjà les résultats
Billet d'humeur d'Eugène Shimamungu (Newsletter n°13)
En tant que citoyen européen j’appelle l’Union Européenne à ne pas participer au financement de l’élection présidentielle qui aura lieu au Rwanda en 2010. En effet
le financement de l’élection présidentielle n’est pas une aide à la démocratie au Rwanda. Le président actuel du Rwanda Paul Kagame qui prévoit de se présenter à cette élection, est le principal
commanditaire de l’attentat du 6 avril 1994, contre l’avion qui transportait deux présidents africains Juvénal Habyarimana du Rwanda et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira, leurs suites
respectives ainsi que leur équipage français. Un mandat d’arrêt international a été lancé par le juge français Jean Louis Bruguière, contre les auteurs de cet attentat, épargnant leur chef, Paul
Kagame sous protection de l’immunité en tant que président en exercice. Paul Kagame est également commanditaire des assassinats de citoyens espagnols, crimes de guerre, et génocide contre les
peuples rwandais et congolais sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par le juge espagnol Fernando Andreu Merelles contre 40 officiers proches collaborateurs de Paul Kagame. Des
sources fiables impliquent Paul Kagame dans l’assassinat du premier président burundais démocratiquement élu Melchior Ndadaye exécuté par la junte militaire burundaise de l’époque dont les
acteurs sont toujours vivants et actifs au sein de l’armée burundaise. Paul Kagame est également impliqué dans l’assassinat du président congolais Laurent Désiré Kabila selon un article du journaliste d’investigation Manuel Altozano du journal espagnol El País. Sans compter les massacres
de masse dont les chiffres actuels sont évalués à 5.000.000 de morts au Rwanda et au Congo, Paul Kagame a été accusé par ses soldats d’avoir fait rassembler à Byumba (Muhura) toute la population
aux alentours sur un marché et tiré lui-même dans le tas faisant plus de 800 morts. Le peuple rwandais et le peuple congolais demandent justice.
Le FPR terroriste: plus qu'Al-Qaïda!
Il est indéniable actuellement que Paul Kagame est à la tête d’un parti politico-militaire le FPR qui ressemble plus à Al-Qaïda, en ce qui concerne le terrorisme international qu’à un simple parti politique épris de démocratie. Financer l’élection présidentielle au Rwanda revient à financer les Talibans pour prendre le pouvoir à Kaboul ou à Islamabad. Quoiqu'en termes de dégâts humains le palmarès du FPR est de loin supérieur à celui des Talibans : 4 présidents tués en une seule décennie et plus de cinq millions de morts ! Le FPR contrôle actuellement le pouvoir au Rwanda et empêche les candidats de l’opposition de se présenter. Il s’est taillé sur mesure une constitution qui consacre le monopartisme sous un pluripartisme fallacieux : les partis politiques qui exercent au Rwanda sont dans l’obligation de participer au forum des partis qui est coiffé par le FPR. De sorte que si jamais il y a des candidats agréés pour participer à l’élection présidentielle, ils devront être en accord avec le candidat principal Paul Kagame qui est déjà sûr de gagner les élections par tous les moyens, et plus généralement par la fraude. Les candidats qui veulent prendre leur liberté sont intimidés, interdits de faire des meetings comme à la dernière élection de 2003 pour le cas de Faustin Twagiramungu qui a finalement été défait grâce à une fraude électorale gigantesque. Le problème c’est que tout cela s’est passé devant la Mission d’observation électorale de l’Union Européenne qui a quand même validé un score stalinien de 95%, impossible dans des élections démocratiques. Actuellement la seule candidate qui s’est déclarée vit toujours en exil et attend des autorités rwandaises les documents de voyage depuis plus d’un an pour se rendre dans son propre pays. Nous sommes à moins d’un an de l’échéance électorale, et aucun candidat d’un parti d’opposition à l’intérieur du Rwanda ne s’est encore déclaré. Tout porte à croire que l’obstruction aux candidatures indépendantes sera maintenu jusqu’à l’élection présidentielle. Les journalistes et les médias en général, sont intimidés et harcelés lorsqu'ils font passer les opinions des candidats potentiels indépendants. La BBC et Radio France international en ont fait les frais: la première a été interdite pendant quelques mois, tandis que la seconde l'a été définitivement sur le territoire rwandais. Dans cette configuration, Paul Kagame devrait être réélu avec le même score sinon supérieur à celui de 2003.
Paul Kagame inéligible
Suivant la constitution rwandaise, Paul Kagame devrait être déclaré inéligible comme le stipule la constitution rwandaise dans son article 99 alinéa 4 selon lequel « Tout candidat à la Présidence de la République doit être de bonne moralité et d’une grande probité ». Les crimes commis par Paul Kagame et son parti politico-militaire FPR, ne lui permettent pas de se présenter à l’élection présidentielle. La communauté internationale devrait l’en dissuader. Il devrait plutôt se présenter devant les juridictions françaises et espagnoles pour répondre des crimes commis par ses subalternes qui sont sous le coup de mandats d’arrêts internationaux émanant de ces deux pays de l’Union Européenne. Le peuple rwandais ne pourra pas exprimer sa volonté si Paul Kagame se présente à nouveau et si l’élection présidentielle de 2010 se déroule comme celle de 2003. La victoire de Paul Kagame est indubitable et le score dépassera encore une fois 90%. L’Union Européenne devrait s’abstenir de financer une élection dont on connaît les résultats pour conforter un régime dictatorial et sanguinaire sur le dos contribuable européen et au détriment du peuple rwandais qui devra tôt ou tard payer la dette. Si c’est pour financer une élection à laquelle Paul Kagame devrait participer, celui-ci peut payer facilement de sa propre poche grâce à l’exploitation illégale des richesses naturelles de l’Est du Congo depuis déjà plus d’une décennie. Le financement proposé par l’Union Européenne pourrait plutôt être proposé pour l’installation d’un gouvernement de transition réunissant toute l’opposition à l’intérieur du Rwanda ou en exil afin de superviser une élection libre et transparente.
© Eugène Shimamungu