Après les Rwandais, les Nande menacés par les Hema
La Communauté Nande connue pour son dynamisme et son succès dans le commerce à l’Est de la R.D. Congo est depuis quelques mois l’objet des menaces d’anéantissement
de la part de ses voisins du Nord, du Sud, et de l’Est. La supériorité numérique, la solidarité clanique, l’homogénéité religieuse (Christianisme), et l’hégémonie des Nande dans le secteur
économique au Nord-Kivu et en Province Orientale, font d’eux une cible privilégiée de ceux qui veulent s’imposer par les armes pour régner seuls sur l’empire du coltan, de la cassitérite, du gaz
Méthane, du pétrole, du bois, etc. Rien que par la supériorité numérique, les Nande ont toutes les chances de régenter tout processus démocratique basé sur le principe : une personne, une voix. Impatients de battre les Nande sur le plan numérique, les rwandophones
n’ont pas trouvé mieux que de proposer le découpage de la Province du Nord-Kivu en deux provincettes. Les Nande sortiraient de ce plan avec la Province de Beni-Lubero-Walikale et les Hutu
s’accapareraient de Rutshuru, Goma et Masisi. Mais la réalité est que les Nande sont toujours majoritaires en territoire de Rutshuru où ils tiennent en mains le secteur économique et agricole.
Les cités comme Kiwanja, Rubare, Nyamilima, Kinyandoni, Kisharo, Buramba, Ishasha, Vitshumbi, Kibirizi, etc. sont en majorité Nande. Il n’est pas étonnant que ce soit dans ces agglomérations que
les massacres des civils ont été perpétrés par le RCD-Goma (le cas de Buramba) et par le CNDP (le cas de Kiwanja, de Rubare, etc.). C’est ainsi que la menace des Nande en territoire de Rutshuru
est précise: anéantir les Nande numériquement. Après avoir massacré plusieurs Nande, mutiler les sexes de leurs femmes, violer les mamans en présence de leurs enfants pour les tuer
psychologiquement, brûler leurs maisons, les tracts en circulation annoncent la mort pour quiconque ne s’exécuterait pas en temps. L’alibi trouvé que les simples peuvent comprendre est que les
Nande ne sont pas de Rutshuru. Pourtant, selon l’histoire de la Province du Nord-Kivu, les Nande de Rutshuru sont aussi originaires de Rutshuru ? Ils y étaient bien avant que les colons belges
n’y amènent les rwandais comme travailleurs dans leurs plantations. Il en est de même du territoire de Masisi et de Walikale. Il y a eu ensuite l’indépendance et l’octroi collectif de la
nationalité congolaise à toute cette main d’œuvre venue du Rwanda. Le rappel de cette histoire du Nord-Kivu vaut la peine pour remettre à leur place tous ceux qui font circuler des tracts en
Territoire de Rutshuru, demandant aux Nande de rentrer chez eux (entendez par là Beni-Lubero). Les Nande ont toujours été à Rutshuru bien avant l’arrivée des rwandais. En d’autres termes, les
Nande sont plus originaires de Rutshuru que les rwandophones. Mais comme ces derniers ont acquis la nationalité congolaise, ils sont devenus politiquement congolais. C’est cette appartenance
politique à une même nationalité depuis 1960 qui doit cimenter les relations entre les uns et les autres. Le programme Amani avait adopter un cahier des charges pour tous les kivutiens.
Malheureusement, au lieu de privilégier la paix par la collaboration avec les autres ethnies congolaises, les rwandophones ont choisi de s’allier à leurs frères rwandais pour occuper
militairement la Province du Nord-Kivu, d’où ils veulent aussi chasser les premiers occupants, tels les Nande, etc. Cela s’appelle trahison ! Le Gouvernorat ainsi que l’Assemblée Provinciale du
Nord-Kivu sont saisis de cette menace de mort à l’encontre des Nande du territoire de Rutshuru. Les Nande prennent au sérieux cette menace à leur encontre. Le silence de Kinshasa et de la
communauté internationale après les massacres des Nande de Buramba en 2004, les massacres de Kiwanja en 2008, fait craindre ceux qui sont menacés de mort. En effet, ceux qui ont commis ses
massacres sont aujourd’hui promus à des hautes fonctions en République Démocratique du Congo.
Pendant que les Nande de Rutshuru étaient occupés à alerter l’opinion nationale et internationale sur cette menace de génocide qui pèse sur eux, une autre menace de
mort s’est déclenchée en Ituri contre eux. Ceux qui connaissent l’histoire des mouvements des populations au Congo ne peuvent pas être surpris par cette menace de l’Ituri après celle de Rutshuru.
Il y a en Ituri une ethnie qui s’appelle Hema. Selon les historiens, les Hema sont des éleveurs Tutsi qui ont émigré avec leurs vaches du Rwanda en Ituri à la fin du 19 siècle en passant par la
vallée de la Semuliki. Un autre groupe d’éleveurs Tutsi avaient pris la direction de l’Ouganda où on les appelle de Banyankole, l’ethnie de Kaguta Yoweri Museveni. Dans la planification de
l’Empire HIMA en Région des Grands Lacs africains, tous ces clans Tutsi seraient mis en contribution pour s’assurer de la réussite de l’opération. C’est ainsi que les Nande sont menacés au Sud
par les Hutu et les Tutsi, au Nord par les HEMA, et à l’Est par les Banyankole de l’Ouganda. La seule voie ouverte aux Nande c’est la forêt équatoriale à l’Ouest de Beni-Lubero où en 1997-1998
les Tutsi avaient massacrés leurs victimes Hutu dans ce qu’il convient d’appeler le Génocide Hutu en R.D. Congo.
La menace de l’Ituri a déjà été l’objet d’un atelier de paix de la société civile de Beni et de Bunia, atelier tenu à Bunia du 06 au07/07/2009, sous les auspices du
Réseau Haki na Amani (un regroupement des ONG de droits humains) appuyé par Pax-Christi/Pays-Bas.
Cet atelier qui se voulait un cadre de dialogue entre les sociétés civiles de Beni-Lubero et de l’Ituri s’était transformé en procès avec les Nande à la barre. Tout
semble avoir été savamment préparé bien à l’avance. En examinant les thèmes choisis, on remarquera d’emblée qu’ils étaient tout simplement provocateurs, incitatifs et éloquents par rapports aux
revendications des Ituriens. Nous citons:
1. Mouvements des populations du Nord Kivu vers l’Ituri : Problèmes, Défis et Enjeux ;
2. L’Exploitation du bois dans le Territoire de Beni et Irumu : Problèmes, Défis et Enjeux;
3. Commerce entre Nord Kivu : Problèmes, Défis et Enjeux;
4. Exploitation de l’Or et du Pétrole : Problèmes, Défis et Enjeux.
Les Ituriens s’étaient acharnés contre les Nande, les accusant de tout. Ainsi par exemple, les Nande étaient accusés d’avoir une responsabilité dans le conflit de
l’Ituri de 1998-2004, d’envahir les terres de l’Ituri pour des fins agricoles mais aussi avec but d'étendre l’hégémonie Nande et de conquérir le Pouvoir en Ituri. Pourtant la vérité est que les
Nande ont beaucoup perdu (et continue de perdre) en Ituri en termes de vies humaines et de biens. Au plus fort des guerres ethniques de l’Ituri, Beni-Lubero avait offert une hospitalité à ses
propres dépens aux milliers de déplacés de l’Ituri. En effet, il n’y a jamais eu d’hostilité entre les Nande et les Ituriens. Les Hema et les Lendu se battaient entre eux en Ituri mais jamais les
Nande qui participent activement au développement économique de l’Ituri n’ont jamais eu des problèmes en Ituri. La vive tension actuelle entre les Ituriens et les Nande date, selon les
observateurs, depuis que l’armée et les services de securité de l’Ituri sont dirigés par les rwandophones issus du CNDP. Ces derniers exporteraient en Ituri la guerre aux Nande qu’ils mènent
actuellement au Nord-Kivu.
La délégation du Nord-Kivu, surprise par le ton offensif de l’atelier de paix, a su , nonobstant, placé des mots justes pour balayer d’un revers de la main toutes
les accusations infondées contre les Nande . Le fait qu’un Munande, notamment Gilbert Lusenge ait été élu de Mambasa ne veut pas dire que les Nande sont entrain de conquérir le pouvoir en Ituri.
Le peuple se choisit les leaders qu’il veut. C’est ainsi que Moise Nyarugabo est un élu de Kinshasa bien qu’il soit de Minembwe ou d’ailleurs.
Parlant des mouvements de populations, il sied de constater qu’il y a un mouvement en deux sens. Les Nande vont en Ituri faire du commerce et les Ituriens viennent
étudier et travailler dans au Nord-Kivu.
La présence Nande en Ituri est liée à l’Histoire et non à la récente guerre comme le prétendent certains extrémistes politiciens de l’Ituri. En effet, jusqu’à 1934,
les Territoires de Beni-Lubero appartenaient au district de Kibali-Ituri. Nombreux chefs coutumiers Ituriens venaient a Beni-Lubero demandé aux Chefs coutumiers Nande des hommes experts en
agriculture pour exploiter les terres de l’Ituri et mettre fin à la culture de la cueillette. C’est le cas du Mwami Amadi MBIDA de la Collectivité de Babila-Babombi, en Territoire de
Mambasa.
Pour ce qui est de l’exploitation du bois, le Président de la Société Civile territoire de Beni, Mr Omar KAVOTA, l’un des intervenants pour le compte de la
délégation du Nord Kivu, a fait remarquer que l’exploitation anarchique du bois est commune au Nord-Kivu et à l’Ituri, et que les exploitants ne sont pas des Nande mais des multinationales qui
obtiennent des permis d’exploitation auprès du gouvernement de Kinshasa. Sur terrain, ces multinationales sont protégées par les officiers militaires ! Il en est de mémé de l’exploitation de
l’or, du diamant, du coltan, etc. Omar Kavota avait terminé son intervention en invitant la société civile de l’Ituri et du Nord-Kivu à se mettre au-dessus des allégations politiques et
politiciennes. La société civile doit rester le rempart d’une population congolaise abandonnée et livrée aux rapaces du monde par des leaders politiques sans foi ni loi.
.
Intervenant sur l’accusation contre les commerçants Nande, Mr. Polycarpe NDIVITHO, Président de la FEC/BUTEMBO, a rappelé que le Secteur commercial est réglementé
par l’État et que les commerçants Nande se conforment à la législation en vigueur. Ainsi, a-t-il demandé qu’on ne diabolise pas les commerçants qui travaillent dans des conditions extrêmement
difficiles pour le développement de l’Ituri. S’il y a un problème particulier, comme dans le cas des Microfinances qui ont fait des victimes partout au Congo, il faut tout simplement recourir à
la justice et éviter de faire de tout problème avec un nande, un problème ethnique ou politique.
Pour ce qui est de l’Or et du Pétrole, l’Honorable MUHINDO NZANGI, Député Provincial du Nord-Kivu et membre de la délégation du Nord Kivu a appele les Ituriens au
calme, leur demandant d'éviter l’alarmisme, car l’or et le pétrole existent aussi au Nord-Kivu, notamment dans le graben du territoire de Beni. Et comme le commerce est libre au Congo, tout
congolais est libre de le pratiquer la où il veut.
Cet atelier a révélé qu’il y a des démons qui travaillent à opposer les ethnies de l’Est du Congo pour les affaiblir si pas les éliminer par le biais de ces guerres
fratricides. Après que les ethnies se seraient éliminées, le malin tireur de ficelles dans l’ombre régnerait en seul maitre de l’Est du pays. C’est ainsi que les participants ont, à l’issue de
l’atelier de paix de Bunia, souhaite que le dialogue entre les ethnies de l’Est du pays soit permanent pour barrer la route au malin qui cherche à semer la zizanie là où il faut la paix, le
développement. S’il y a un ennemi commun au Nord-Kivu et en Ituri c’est ni les Ituriens ni les Nande mais ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre et qui cherchent par tous les moyens, y compris
la guerre, le génocide, les incendies des maisons d’habitation, à promouvoir une politique identitaire exclusiviste.
Depuis Bunia, pour benilubero.com
O. BAHATI
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