Sarkozy : une journée au Gabon, trois heures au Rwanda
(Le Parisien 24/02/2010)
Depuis le génocide de 1994 aucun président français ne s'était rendu au Rwanda.
C'est dire la
portée symbolique de la visite officielle de
Nicolas Sarkozy, attendu jeudi à Kigali, la capitale de ce petit pays de deux millions d'habitants, dans la région des Grands Lacs. Le chef de l'Etat français doit faire une halte de trois heures
à Kigali.

Cette visite est accueillie comme porteuse d'espoir par les ONG présentes dans
cette partie de l'Afrique marquée par l'instabilité politique. «Fortement symbolique sur le plan diplomatique, (elle) pourrait s'avérer déterminante pour l'avenir de la région des Grands Lacs»,
déclarent ainsi dans un communiqué Oxfam France, Human Rights Watch (HRW), le CCFD-Terre solidaire et le Secours catholique-Caritas France. Elle «pourrait initier une rupture fondamentale avec
l'engagement de la France en Afrique Centrale, mais aussi avec l'approche géopolitique qui a permis à la "crise des Grands Lacs" de perdurer depuis déjà seize ans».
Jean-Marie Fardeau, de Human Right Watch, estime que le président français
devra «demander au Rwanda de s'engager dans la voie d'un multipartisme et d'un débat politique véritable en amont des élections prévues en août prochain et souligner les menaces qui pèsent sur la
société civile, la presse et l'espace démocratique».
Une entrevue avec l'opposition gabonaise
Avant cet escale rwandaise, Nicolas Sarkozy est arrivé mercredi au Gabon, où il
restera 24 heures. Il a été accueilli à sa descente d'avion, à Franceville, par son homologue Ali Bongo. Un accueil «à l'ancienne», avec claque musicale et musiciens chantant «Opération
France-Afrique, au beau fixe. Amitié franco-gabonaise, au beau fixe». Les deux dirigeants se sont recueillis au mausolée Omar Bongo, décédé en juin, avant un entretien en tête-à-tête, puis une
visite au Centre international de recherche médicale de Franceville, symbole de la coopération entre leurs deux pays..
Le chef de l'état français devra faire face au mécontentement des opposants au
président gabonais, dont la France est accusée d'avoir facilité l'élection. Lors d'une entrevue, l'Union nationale (formation née du rassemblement de trois partis et de plusieurs personnalités)
et d'autres partis de l'opposition remettront au président français un document qu'ils ont élaboré en commun.
«Nous savons que le président (ndlr. Sarkozy) est sensible au thème des
libertés individuelle. Il a pris des positions courageuses par le passé notamment sur l'Iran. Il y a un mal-élu en Iran et un mal-élu au Gabon (...). Nous apprécierons d'entendre la situation
du Gabon évoquée», a jugé notamment l'ex-ministre de l'Intérieur André Mba Obame, devenu un des principaux opposants.
D'autres opposants gabonais ont tenu un discours plus tranché à l'annonce de la
venue du président français. M. le Président (...) votre ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, votre secrétaire aux colonies Alain Joyandet et votre ami Robert Bourgi sont désormais
indésirables au Gabon et vous n'êtes pas le bienvenu» écrivent ainsi Marc Ona Essangui et Grégory Mintsa. Le premier, lauréat du Prix Goldman 2009, est le coordinateur de Publiez ce que vous
payez (PCQVP), Brainforest et Environnement Gabon. Gregory Ngbwa Mintsa est partie civile dans la plainte «Bien mal acquis» contre les chefs d'Etats africains accusés d'avoir détourné de l'argent
public.
Réagir24.02.2010, 08h26 | Mise à jour : 12h09Leparisien.fr
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