Rwanda: "L'arrestation de Mme Ingabire est un arbre qui cache une grande forêt"
Pierre Emangongo, Le Potentiel
Kinshasa — Victoire Ingabire, une opposante rwandaise qui avait annoncé sa décision de se présenter à l'élection présidentielle prévue en août, a été, selon l'AFP, arrêtée hier mercredi 21 avril pour «collaboration avec une organisation terroriste» et «négation du génocide». Cette arrestation intervient après la suspension de deux généraux de l'armée et une nomination d'un nouveau ministre de la Défense, confirmant ainsi la rumeur persistante qui circulait à Kigali et dans la région des Grands Lacs sur la tentative d'un coup d'Etat militaire dans le pays de mille collines.
Victoire Ingabire, une opposante rwandaise qui avait annoncé sa décision de se présenter à l'élection présidentielle prévue en août, a été arrêtée hier mercredi 21 avril pour «collaboration avec une organisation terroriste» et «négation du génocide», a appris l'AFP d'une source judiciaire rwandaise.
«Elle a été arrêtée aujourd'hui (mercredi) à Kigali. Elle est accusée de collaboration avec une organisation terroriste, «divisionnisme», négation et minimisation du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994», a indiqué à l'AFP un haut responsable du parquet général ayant requis l'anonymat.
Mme Ingabire est présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), un parti qui, à ce jour, n'a pas été agréé par les autorités rwandaises.
Elle est notamment accusée d'association avec les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) basées dans l'Est de la République démocratique du Congo, a précisé cette source.
L'arrestation de Mme Ingabire est un arbre qui cache une grande forêt, estime un analyste des questions africaines des Relations internationales.
ENJEUX ELECTORAUX
TENTATIVE DE COUP D'ETAT
Par ailleurs, la presse n'est pas épargnée dans cette opération de terreur. C'est dans ce sens que l'ONG Reporters sans Frontières a dénoncé la suspension pour une durée de six mois de deux journaux indépendants rwandais, Umuseso et Umuvugizi . Cette décision rendue publique le 13 avril 2010 par le secrétaire exécutif du haut Conseil des Médias, Patrice Mulama, intervient dans un climat tendu entre la presse indépendante et les autorités politiques. En d'autres termes, cette décision est de nature à écarter ces journaux indépendants de la campagne électorale.
A scruter ces différentes décisions qui traduisent l'autoritarisme du régime en place à Kigali, on se rend vite à l'évidence que le président Paul Kagame veut rester le seul candidat valable à présidentielle du mois d'août prochain Il est aussi, croit -on savoir, en train d'adresser un message à ses partenaires comme quoi il vendrait sa tête très cher.