Présidentielle rwandaise: rien ne fait peur à Kagamé
Lundi, 09 Aout 2010 09:44 Morin Yamongbè
La campagne électorale est finie le samedi dernier, confirmant que rien ne peut troubler le sommeil de Paul Kagamé dans la course à la présidentielle dans laquelle il vient de se lancer pour se succéder à lui-même. Sauf tremblement de terre, l’homme mince de Kigali est sûr de rempiler pour un autre mandat à la tête du Rwanda, à l’occasion de la présidentielle de ce lundi 9 août. Il est même certain de réussir le score stalinien de 95% qu’il a obtenu sans coup férir en 2003. Qu’est ce qui pourrait bien empêcher Paul Kagamé de consolider son fauteuil, alors qu’il s’est ouvert un véritable boulevard, écartant de son passage tous ceux qui sont susceptibles de constituer un obstacle pour ses ambitions de président incontesté? Malgré la témérité qui pourrait être leur, la presse et les principaux opposants au régime manquent simplement d’espace pour s’exprimer. Ce ne sont pas les trois grandes formations de l’opposition dont deux ont été privées de leur enregistrement par le pouvoir, et une autre, en l’occurrence le Parti vert, qui pleure toujours la mort de son vice-président retrouvé décapité il y a quelques semaines, qui diront le contraire. Quant à Victoire Ingabiré, la présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), elle est interdite de tout mouvement, placée qu’elle est sous contrôle judiciaire, depuis son inculpation pour «négation du génocide et complicité de terrorisme», deux armes fatales dont sait user à merveille Kagamé contre ses adversaires, ceux qui ont la chance d’avoir la vie sauve. Du reste, Bernard Ntaganda, le leader du PS Imbérakuri, lui non plus ne pourra pas dire son mot de la cellule dans laquelle il croupit depuis quelques mois. Au finish, et comme presque partout en Afrique où la démocratie et particulièrement l’alternance sont prises en otage, Paul Kagamé, débarrassé de tous ses véritables contradicteurs, va en roues libres à la reconquête de son propre fauteuil, qu’il est certain de conserver. Car, Kagamé et bien d’autres chefs d’Etat, avant et après lui, ignorent royalement qu’ «à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire».