Prédateurs: Paul Kagame, président de la république du Rwanda
Source: RSF
Une silhouette
tout en longueur, des petites lunettes d’intellectuel, des costumes soignés. Le physique lisse de Paul Kagamé évoque davantage l’homme politique moderne, par ailleurs très connecté à Internet,
que l’ancien chef de guerre qu’il a été. Le processus de réconciliation enclenché par l’Etat suite au génocide de 1994 lui sert néanmoins à asseoir son pouvoir et à neutraliser l’opposition. A la
tête du Rwanda depuis 1994, président depuis 2000, réélu en 2010, Paul Kagamé ne tolère aucune question embarrassante lors de ses conférences de presse. Il dénigre régulièrement les journalistes
et qualifie les médias critiques de "Radio Mille Collines". Chaque année, plusieurs journalistes rwandais, jugeant le climat irrespirable, fuient le pays. Le président Kagamé n’en a cure :
pour lui, ces journalistes sont des "mercenaires" et des "clochards".
Début 2011, deux femmes journalistes ont été condamnées à 17 et 7 ans de prison pour avoir critiqué le chef de l’Etat. En juin 2010, Jean-Léonard Rugambage, rédacteur en chef adjoint du journal Umuvugizi, bête noire du régime avec Umuseso, a été assassiné à Kigali, vraisemblablement parce qu’il enquêtait sur les services secrets et leur tentative de meurtre contre un général en exil.
Diffamation, immixtion dans la vie privée, offense à la personne du président de la République, ce genre de mobiles est utilisé à tour de bras par le ministère de l’Information ou le Haut Conseil des médias, son antenne de régulation fort peu indépendante. Cerise sur le gâteau, le capital de départ exorbitant exigé pour la création d’un média (41000 euros, par exemple, pour le lancement d’un journal écrit), moyen efficace de freiner la diversification du marché de la presse.