Plaidoirie pour un débat public entre E. Ruhigira, JB Nkuriyingoma et F. Nahimana
Edouard Karemera
I. UN APPEL ENTENDU.
Dans mon livre « Le drame rwandais. Les aveux accablants des chefs de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda » publié en 2006 aux Editions Sources
du Nil, j’ai fait cette réflexion en direction des anciens acteurs politiques et des intellectuels rwandais : « Le débat sur la tragédie rwandaise nous interpelle tous, car personne ne peut se
tenir en marge de la période cruciale actuelle que certains ont la prétention de vouloir saisir pour réécrire l’histoire de notre pays à leur manière. Les intellectuels rwandais et, parmi eux,
les anciens acteurs politiques sont les premiers concernés au plus haut point. Ils n’ont pas le droit de garder indéfiniment le silence en pensant, probablement, qu’il y aura toujours des
volontaires pour écrire l’Histoire de notre pays et notre peuple meurtri. Ils n’ont pas le droit d’abdiquer de leur responsabilité, de peur de mettre en danger le confort éphémère dont ils
jouissent dans certains pays d’asile lourdement impliqués dans le drame rwandais. Ils n’ont pas le droit de se taire face à de nombreux mensonges sur les responsabilités dans la tragédie
rwandaise parce que leurs enfants, nos enfants, ont le droit de savoir pourquoi et comment ils sont devenus ce qu’ils sont aujourd’hui. Ils ont besoin de connaître la vérité pour envisager leur
avenir dans la sérénité et s’engager résolument dans une vraie réconciliation nationale1 ».
Aujourd’hui, au vu des ouvrages fort éclairants publiés sur la tragédie rwandaise depuis lors, je constate avec soulagement que ma préoccupation était partagée par
beaucoup de nos compatriotes. Parmi les nombreuses publications de cette année 2011, trois ont particulièrement retenu mon attention : « Inkundura»2 de Jean Baptiste Nkuliyingoma, « La
fin tragique d’un régime »3 d’Enoch Ruhigira et « Le combat pour la vérité » de Ferdinand Nahimana4.
Une lecture attentive des deux premiers de ces ouvrages m’a amené à conclure que, avant toute autre considération, Jean Baptiste Nkuliyingoma et Enoch Ruhigira
voulaient témoigner sur la (...)
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1 Edouard Karemera « Drame rwandais. Les aveux accablants des chefs de la Minuar », page 163.
2 Editions La Pagaie, avril 2011.
3 Editions La Pagaie, mai 2011.
4 Editions Sources du Nil, septembre 2011.