Mme Victoire Ingabire ne doit pas accepter de s'expliquer devant une justice de l'oppresseur
J’ai lu avec intérêt votre excellente analyse quant à la situation actuelle de notre chère patrie, le Rwanda, dans laquelle vous faites référence à Ingabire Victoire. Vous vous posez une question : Sa [ Ingabire] mission est-elle terminée ? Cela dépend encore du bon vouloir de Paul Kagame qui peut décider de la libérer, de la maintenir en prison ou de la liquider.
Je réponds par l’affirmative. À mon avis, la mission d’ingabire est terminée. La réponse est par ailleurs dans votre texte. Je cite : « Notre présence au Rwanda a tout d'abord démystifié le régime. En moins de 6 mois, les opinions ont changé. Les gens se sont soudainement rendu à l'évidence que les miracles du régime n'étaient que le fruit de l'imagination. Les langues se sont déliées et la population a commencé à oser. Oser réclamer (comme questionner la légitimité de payer une cotisation spéciale pour le FPR ou même pour l'organisation des élections), oser parler, même au risque de sa vie. Pour la première fois depuis juin 1994, on peut parler d'une opposition qui ne cède pas au chantage et qui fait sauter les interdits. »
Mais, la seule grave erreur de Victoire Ingabire, précédée par Mushayidi par ailleurs, est d’avoir acceptée de s’expliquer devant une justice contestée, au service de son oppresseur, le boucher de Kigali. Quoique contestée, cette justice des bandits dont l’indépendance est manifestement compromise, va les condamner à perpétuité et ce, sans appel. Et Kigali dira que la justice ait été rendue malgré le défaut de reconnaissance des peines par les Victoire elle-même et ses partisans. Le boucher de Kigali vous dira que Madame Victoire Ingabire ait été condamnée pour les crimes graves et au terme d’un procès équitable dans lequel elle a bénéficie toutes les garanties procédurales. Le boucher vous dira que la justice est indépendante, sa constitution à l’appui [art. 140, al.2], et qu’il n’a rien à voir avec les décisions de justice. Je vous le dis en tant que connaisseur du système. Je connais d’autres dossiers qui n’étaient pas judiciaires mais pour régler des comptes, le boucher devait passer forcément par la signature du juge. Je vous fais trois exemples parmi tant d’autres, que je connais mieux, vous les connaissez peut-être, Kalisa Alfred BCDI, [dossier politico-économique] Pasteur Bizimungu, col. Biseruka…….
Je ne cesse de le dire, Ingabire est emprisonnée pour des raisons politiques. De fait, le dossier est politique, la solution doit être aussi politique et non judiciaire. À quoi bon d’aller se justifier devant une justice taillée sur mesure? Madame Victoire Ingabire ne devait pas accepter de plaider devant son oppresseur. Elle pouvait par exemple, exercer son droit de silence qui est, par ailleurs, internationalement reconnu. Condamnée sans être jugé par une justice qu’elle a toujours contestée, serait mieux, voire noble plutôt qu’être condamné à la suite d’un procès biaisé dans lequel elle a accepté de fournir sa défense.
Le boucher de Kigali est confronté à un triple dilemme : Libérer Victoire Ingabire et la faire taire n’est pas une tâche facile. La liquider, il aura signé la fin de sa puissance de terreur. Parfois, les révolutions passent par l’écoulement de sang. L’histoire est à cet égard sans ambigüité. La maintenir en prison n’est qu’une solution qui s’inscrit dans la durée. Donc, toutes les trois solutions qui s’offrent au boucher de Kigali ne l’arrangent pas convenablement. Inkundura ya demukarasi uyitambitse iraguhitana, ibyiza ni ukuyivira mu nzira. D’où la nécessité de reconnaitre que le temps de se maintenir au pouvoir par la terreur et la violence est révolu. Qu’on le veuille ou non, les armes doivent céder la place aux urnes.
Dr Eugène Shimamungu, vous concluez en ces termes
…….Et c’est ainsi que la communauté internationale continuera à croire qu’il n’y a pas de rechange au régime sanguinaire de Paul Kagame.
Je l’ai dit ici, il y a quelques jours. Toutes les solutions qui s’offrent aux Rwandais, ce sont des solutions bricolées faute de mieux. Remplacer Kagame, criminel
reconnu par Kayumba qui ne faisait jamais le travail de police? Ou encore par Bagosora?
Me Evode Uwizeyimana, LLM.
Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants, c'est l'indifférence des bons
Martin Luther King