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 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

Lybie: la démission des dfirigeants africains

6 Mars 2011 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Actualités

La démission des dirigeants africains
 jeudi 3 mars 2011

Source: Le Pays

 

 

L’Afrique a ses nouveaux parias. Les expatriés subsahariens pris dans le piège libyen sont abandonnés par leurs pays respectifs. Aucune perspective de les rapatrier ne se présente à eux, les laissant face à une population hostile et à un "guide" en déroute. Ronald Reagan pouvait-il mieux dire lorsqu’il qualifiait Mouammar Kadhafi de "chien fou" ? Sans doute qu’à l’époque, bien des panafricanistes ont vu en cet apophtegme déplaisant l’expression d’un égocentrisme aux relents impérialistes. En fait, ils y voyaient un outrage à un dirigeant africain. Aujourd’hui, l’histoire, selon toute vraisemblance, a donné raison à l’ancien président américain. Comment comprendre que le guide libyen, du haut de son empyrée, à un peuple excédé et désabusé, promette, avec une aisance doublée d’un cynisme à nul autre pareil, un bain de sang en cas d’intervention militaire étrangère ? L’homme, même sans aucune intervention étrangère, a déjà fait ses preuves en bombardant au mortier son peuple. Si fait que l’on ne doute pas un seul instant de sa prouesse, fût-elle funeste, à "dératiser la Libye", quitte à régner sur des macchabées. "Si je pouvais faire quelque chose pour que ceux qui gouvernent augmentassent leurs connaissances sur leurs devoirs envers les peuples, je me croirais le plus heureux des mortels", écrivait, impuissant, le sage Montesquieu dans "De l’Esprit des lois". Est-ce donc de la bravoure pour un dirigeant, si ubuesque et lunatique soit-il, de sortir l’artillerie lourde contre son peuple qu’il était censé défendre au prix de sa vie ? Qui a donc dit que le bon sens était la chose la mieux partagée ? Qui a dit que l’homme était l’animal le plus raisonnable ? En vérité, Kadhafi, le ci-réputé fou furieux du désert libyen, champion dans les frasques, et, si singulier, se sent blessé dans son amour-propre, tant il n’avait jamais imaginé que son peuple, après 42 ans de docilité, oserait le contester au point de vouloir sa tête couronnée. A bon chat bon rat, dit-on. Et à supposer que le guide libyen triomphe des insurgés au prix d’une mer de sang comme il l’a promis, qui guidera-t-il après ? Dans sa résistance contre les insurgés, le presque désormais ex-roi des rois, à travers sa milice et ses "mercenaires africains" stipendiés, a malheureusement cloué au pilori tous les ressortissants subsahariens en Libye. Laissés à eux-mêmes, tels des apatrides ou des damnés de la terre, la plupart des ressortissants de l’Afrique subsaharienne, assistent envieusement au rapatriement des Occidentaux. En fait, les dirigeants occidentaux, conscients que l’opinion publique nationale constitue un baromètre important dans le contrôle de l’action gouvernementale, volent par tous les moyens au secours de leurs ressortissants. A contrario, les dirigeants africains, quant à eux, se cuirassent généralement des appels au secours des leurs, convaincus que cela ne leur portera aucun préjudice sur le plan politique. Ainsi va la gouvernance en Afrique où l’incurie se dispute l’irresponsabilité politique, et où le surréel, dans bien des cas, supplante le réel. En attendant que les dirigeants africains dont le silence, face à la révolte du peuple libyen, en dit long, fassent preuve d’humanisme, leurs compatriotes vivent terrés en Libye. Peut-être que Jéhovah les assistera.

Boundi OUOBA

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