L'investiture de Kagamé à la présidentielle accueillie par des attentats à la grenade
Soumis par Jean-bernard Gervais le dim, 05/16/2010 - 14:16
L'investiture de Paul Kagame par le FPR à la présidentielle le 19 août prochain a été accueillie par une
nouvelle série d'attentats à la grenade à Kigali, qui a fait un mort et vingt-huit blessés, samedi 15 mai. Depuis le 19 février, trois séries d'attaques à Kigali, une des capitales les plus sûres
d'Afrique, ont fait au total trois morts et une cinquantaine de blessés.
Aucune n'a été revendiquée. Comme les deux précédentes attaques, celles de samedi ont visé des quartiers très fréquentés de la capitale rwandaise -- où la police est déployée en force --, en
début de soirée et en fin de semaine, à une heure de grande affluence. "Vers 19h00 (samedi) une grenade a explosé dans le quartier commercial où 24 personnes ont été blessées et une autre
décédée", a indiqué dimanche le porte-parole de la police rwandaise, Eric Kayiranga, sur les ondes de Radio Rwanda. "A Nyabugogo (quartier proche de la gare routière), une autre grenade a explosé
et 4 personnes ont été blessées". Le quartier de Nyabugogo avait déjà été une des cibles de la première série d'attaques, qui avait fait un mort et plusieurs blessés le 19 février. Une autre
attaque le 4 mars, selon le même mode opératoire, avait fait 16 blessés. "Tout le monde était occupé à vendre ou acheter quand nous avons soudain entendu une explosion. Avec les récentes
explosions encore dans toutes les mémoires, tout le monde a immédiatement détalé", a témoigné Meriam Nyarasafari, une commerçante ambulante. Les nouvelles attaques sont survenues le jour même où
le chef d'Etat rwandais Paul Kagame était choisi par son parti, l'ancienne guerilla du Front patriotique rwandais (FPR), pour être candidat à sa propre succession.
Très grand favori de ce scrutin, M. Kagame, 52 ans, élu une première fois en 2003, a lui-même indiqué la semaine dernière n'avoir "aucun doute" sur le fait qu'il obtiendrait "une immense
majorité" des voix. Mais la pré-campagne est marquée par une certaine tension, due aux attentats à la grenade et à la polémique autour des poursuites policières et judiciaires à l'encontre d'une
responsable de l'opposition issue de l'ethnie hutu, Victoire Ingabire, qui souhaite se présenter à la présidentielle sans avoir encore pu faire enregistrer sa candidature. Le Rwanda se relève
d'un génocide perpetré d'avril à juillet 1994 par des extrémistes hutu alors au pouvoir contre la minorité tutsi du pays, qui a fait au moins 800.000 morts selon l'Onu. Le génocide avait été
arrêté par l'arrivée au pouvoir par les armes du FPR, à majorité tutsi. Après le premier attentat à la grenade, la police avait procédé à trois arrestations en accusant les "interahamwe", milice
extrémiste hutu, dont les membres ont été au premier rang des génocidaires. Le gouvernement rwandais avait ensuite accusé deux anciens officiers de haut rang et ex-personnalités clé du FPR,
aujourd?hui réfugiés en Afrique du Sud, le général Faustin Kayumba Nyamwasa et le colonel Patrick Karegeya, d?être responsables de ces "actes de déstabilisation". Les autorités rwandaises ont
enfin annoncé début mars l?arrestation au Burundi d?un opposant rwandais, Déo Mushayidi, lui aussi ancien cadre tutsi du FPR, et accusé par Kigali de faire également partie des commanditaires des
attaques.
"La police poursuit son travail et rassure la population: les fauteurs de trouble seront démasqués et arrêtés", a assuré dimanche le porte-parole de la police, M. Kayiranga.
AFP