JB Ndahindurwa aurait-il abandonné sa couronne contre 35.000 FB de rente mensuelle à vie?
Nous sommes pendant la campagne électorale pour les élections législatives et le réferendum pour le maintien ou non de l'institution du Mwami, en septembre 1961: le Roi Kigeri Ndahindurwa, qui avait quitté Kigali, fait irruption à Kigali où il est interdit de séjour!
Source: A pied d'oeuvre au Ruanda: Batwa, bahutu, batutsi ne sont que des prénoms, Banyarwanda est notre nom de famille, de Julien Nyssens (Prix 10 euros+ 2€ frais de port: commandes à adresser aux Editions Sources du Nil en envoyant un e-mail à: sources_du_nil@yahoo.fr)
p.116-117
Le mythe du Mwami était si ancré dans les esprits qu’il était possible – mais non certain – que sa seule présence physique, cause suffisamment de peur à ses sujets
pour qu’ils craignent une prise de pouvoir de sa part et exerce de la
sorte une pression sur les électeurs.
C’est en pleine nuit, la veille du vote, il devait être deux heures du matin, que je fus appelé par le colonel Logiest, à son domicile. Il avait été informé de la
présence insolite du Mwami à Kigali. Il réunit un petit état-major de quatre ou cinq personnes, pour décider de la manière de le débusquer avant le lever du soleil, et ensuite l’expédier au-delà
de la frontière. Je proposai que l’on se divise en cinq équipes qui se rendraient chacune au domicile d’un des cinq premiers candidats figurant sur la liste « pro-Mwami » c’est à dire celle de
l’UNAR. Ainsi fut-il décidé que chacun de nous partirait à la tête de quelques soldats.
Moi-même je devais fouiller la cité de Nyamirambo qui était beaucoup moins étendue qu’aujourd’hui. J’inspectais les cases et trouvais chaque fois les occupants au
lit. Muni d’une lampe torche, je pouvais les reconnaître. Point de Mwami à Nyamirambo ; aussi je rejoignis mon colonel qui m’apprit que le Mwami avait été rapidement débusqué au domicile de
Rukeba, le numéro un sur la liste de l’UNAR.
Je pris le Mwami en charge en vue de l’amener au camp militaire, d’où un hélicoptère devait le transférer à Usumbura. C’est sur les marches de l’hôpital de Kigali
qu’il me fut confié. Avant de l’embarquer dans ma voiture, une coccinelle VW, je le priai de lever les deux bras afin que je puisse le fouiller. Il se prêta sans difficulté à cette formalité,
tenant en mains une badine. Négligeant sa moue de prendre place dans une aussi petite voiture, je l’amenai à l’hélicoptère qui l’attendait à l’endroit convenu.
Le jour se levait et le Ruanda fut débarrassé de cette encombrante personnalité. Dans l’après-midi, je reçus un message de l’Officier S2 à Usumbura qui n’était
autre que le lieutenant H. Le Grelle. Il m’informait que j’avais mal accompli la fouille de mon royal passager, car la badine que je lui avais laissée, contenait une dague. Depuis lors, celle-ci
se trouve au musée des para-commandos à Diest. Quant au Mwami, afin qu’il ne soit plus tenté de revenir dans son pays, le ministre P. E. Spaak, ministre des Affaires Etrangères, lui aurait assuré
à vie, m’a t’on dit, une rente mensuelle de 35.000 francs belges (5.400 € en 2009).
© Editions Sources du Nil