Cessez-le-feu unilatéral du M23: P. Kagame a-t-il compris qu'il doit retirer ses hommes ou stratégie du talk and fight?
Déclaration politique du M23 aux négociations de Kampala à la conférence de presse de ce mardi 8 janvier 2013
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Madame, Monsieur,
Chers chevaliers de la plume ;
Vous êtes certainement informés de l’évolution du processus de négociations politiques présentement en cours entre le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et le Mouvement du 23 mars. Comme vous le savez, la délégation de notre mouvement du M23 est présente dans la capitale ougandaise depuis le 4 janvier 2013 date à laquelle était prévue la reprise desdits travaux après avoir été interrompus pendant deux semaines pour des raisons de festivités de fin d’année. Seulement voilà, les deux délégations sont présentes au lieu de négociations sans que celles-ci connaissent le moindre début. Une explication est avancée, il s’agit des divergences sur la question du cessez-le-feu entre les belligérants. Notre Mouvement a proposé d’inscrire, en ordre prioritaire, parmi les points prévus à l’ordre du jour du dialogue la signature d’un accord de cessez-le-feu par les deux parties, une idée cependant réfutée par la partie gouvernementale.
Par cet acte hautement politique, les parties aux conflits enverraient un signal fort à tous les amis de la République en général et en particulier à notre peuple et ceux-là qui souffrent des affres de la guerre pour leur signifier la fin de l’option militaire comme moyen de résolution des problèmes dans notre Pays. Ce qui permettrait non seulement de rassurer les populations habitant les zones de conflits mais aussi instaurerait un climat apaisé pendant la tenue des négociations.
Madame, Monsieur
L’opposition du Gouvernement de Kinshasa à l’idée du cessez-le-feu est au-delà de toute compréhension au moment où il se dit engagé pour la paix, raison de sa présence ici à Kampala, et déterminé à garantir la quiétude à nos populations. Par son refus de consacrer formellement la fin de la guerre, le Gouvernement clarifie et confirme son option militariste qu’il assume parfaitement par-dessus tout. Il s’agit de son choix que nous respectons d’ailleurs. Quant à nous, nous avons choisi l’option du dialogue car nous pensons qu’elle demeure la seule et l’unique voie susceptible d’instaurer dans notre pays une paix durable.
Le 30 novembre 2012, par une déclaration des Chefs d’Etats et de Gouvernement des pays membres de la Conférence
Internationale sur la Région des Grands-Lacs, le M23 s’est retiré de la ville de Goma. Nous avons, par conséquent, instauré un cessez-le-feu unilatéral pour permettre l’ouverture des négociations
ici à Kampala. Notre démarche consistait à aboutir à un cessez-le-feu bilatéral avant les discussions sur le fond. En dépit de la position du Gouvernement de la RDC à ce sujet, le M23 est
résolument déterminé à respecter de manière unilatérale la déclaration des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la CIRGL.
Ainsi, une fois de plus, notre Mouvement fait preuve de sa détermination à évoluer très rapidement vers la paix pour
ne pas servir de prétexte aux prétentions du Gouvernement. Dès à présent, le M23 est prêt à poursuivre les négociations sur les points inscrits à l’ordre du jour. Cependant, nous demandons à la
médiation d’obtenir de la part du Mécanisme Conjoint de Vérification des investigations sur le terrain pour vérifier les informations à notre possession sur les préparatifs de la guerre par le
gouvernement de Kinshasa. En effet, des bataillons FARDC appuyés par plusieurs unités FDLR, NYATURA et autres Mai-Mai ainsi qu’un impressionnant arsenal de guerre acheminés sur les différentes
lignes de front depuis le mois de Novembre 2012 sont fin prêts pour lancer ce que le Général François OLENGA, Chef d’état-major de la force terrestre de l’armée gouvernementale, appelle «
l’assaut final pour mettre fin à l’agression dont la RDC est victime de la part du Rwanda ».
Nous estimons que les informations obtenues sur terrain par le Mécanisme Conjoint de Vérification permettront aux
parties en conflit et à la médiation de prendre des bonnes décisions pour éviter la reprise de la guerre par la partie gouvernementale et faire ainsi l’économie des victimes, des infrastructures
et des fonds du trésor public.
Nous vous remercions