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 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

Brève biographie du Président Dominique Mbonyumutwa

29 Novembre 2012 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Biographies

Mbonyumutwa Dominique, né à Mwendo (Rwanda) 1921- décédé le 26 juillet 1986 à Gand en (Belgique) fut le premier président du Rwanda


Origines familiales et profession

Né à Mwendo en 1921 dans le Kabagali (en Territoire de Nyanza à l’époque), le jeune Mbonyumutwa perdit son père à l’âge de 8 ans. Sa mère lui demanda d’aller remplacer son père pour les corvées à la cour du seigneur féodal Tutsi, mais le jeune index-copie-1homme refusa car il voulait poursuivre ses études.  Le seigneur se fâcha et décida de confisquer tout le bétail donné à la famille du jeune Mbonyumutwa en contrat de servage « ubuhake ». Le jeune bénéficia néanmoins du soutien d’un notable Tutsi progressiste Tharcisse Gihana qui lui offrit sa protection pour aller aux études.

Après ses études primaires à Muyunzwe, le jeune Mbonyumutwa intégra le Noviciat des Frères Joséphites à Kabgayi. Ses études secondaires furent couronnées par un diplôme de « moniteur » (instituteur). Aussitôt il commença son travail d’enseignant à Kamonyi dans le Rukoma en 1941. Et c’est là qu’il épousa Sophie Nyirabuhake, née en 1918 à Mbare, dans le Marangara. Elle avait fait ses études au Noviciat des Benebikira, Sœurs auxiliaires des Pères Blancs. Ils se marièrent à Kabgayi le 1er mai 1941, à Kabgayi. La famille Mbonyumutwa eut sept enfants : trois garçons et quatre filles.

Ils quittèrent Kamonyi après 1 an, puisque Dominique Mbonyumutwa fut recruté pour aller enseigner à l’école des enfants des Blancs qui travaillaient à la SOMUKI (société minière) située à Rutongo-Mugambazi (Chefferie du Buliza). C’est en 1946 que la famille revint à Mwendo-Kabagali, son terroir natal, où Dominique mbonyumutwa devint enseignant à la paroisse de Muyunzwe.

En 1947, il quitta la fonction d’instituteur et se fit engager un an plus tard en 1948, comme commis de l’administration belge à Gitarama. Entretemps il avait passé une interview à la cour de la Reine-Mère Kankazi à Shyogwe. Ecœuré parce qu’on lui avait demandé de faire un monologue en français (vuga igifaransa twumve, « fais-nous goûter du français »), Mbonyumutwa  renonça au métier de clerc à la Cour de la Reine-Mère.


Politique

En 1952, dans le cadre du plan décennal de développement, Dominique Mbonyumutwa est promu sous-chef dans la chefferie de Ndiza où il va s’installer avec sa famille. Pendant son service, il voulait que sa sous-chefferie soit cotée « élite » (90%) ce qui fut le cas durant les 7 ans de son administration. Il occupa ce poste jusqu’au 10 Novembre 1959.

Le 30 octobre 1959, sur convocation verbale de son chef Gashagaza, Dominique Mbonyumuitwa se rendit à Gitarama pour une réunion de sous-chefs qui devait avoir lieu le même jour. En arrivant à Gitarama,  il apprit par l’administrateur qu’aucune réunion n’était prévue. C’est à Gitarama, au contact avec ses amis et collègues, qu’il dut se rendre compte qu’il s’agissait peut-être d’un guet-apens suite au climat tendu qui régnait à Gitarama et dans tout le pays. Il resta avec son épouse, tout le week-end, chez ses beaux-parents.

Le dimanche 1er Novembre 1959, après la messe, ils rendirent visite à l’abbé Ferdinand Marara. Alors que celui-ci les avait accompagnés, un cycliste vint dire à l’abbé, à hauteur de Bukomero, de regagner la maison à la demande de son confrère l’abbé Ngomiraronka.  A peine l’abbé s’était-il éloigné que Dominique Mbonyumutwa fut attaqué par une bande de jeunes royalistes qui lui reprochaient de chercher à renverser le roi. Sa femme réussit à prendre la fuite pour appeler les secours. Après avoir été giflé, mis à terre et passé à tabac, Mbonyumutwa réussit à se dégager et à mettre en fuite ses agresseurs. La rumeur courut qu’il avait été tué et l’incident fut l’un des catalyseurs des troubles qui embrasèrent le pays en novembre 1959, connus sous le terme de « révolution rwandaise ». Dominique Mbonyumutwa passera désormais dans l’histoire comme la figure emblématique de cette révolution.

Il fut nommé, le 6 février 1960, par le Gouverneur du Rwanda-Urundi parmi les membres du Conseil Spécial Provisoire (composé de 8 membres) du Roi Kigeri V Ndahindurwa après que celui-ci eût été obligé de régner en roi constitutionnel.

Le 26 octobre 1960, après les élections communales (juin-juillet 1960), tandis que le Roi Kigeri s’était exilé, un gouvernement provisoire fut constitué et Dominique Mbonyumutwa fut nommé dans le premier gouvernement Grégoire Kayibanda en qualité de Secrétaire d’Administration à la Défense. La Garde Nationale était alors en cours de formation.

Lors du Congrès de Gitarama qui a renversé la monarchie le 28 janvier 1961, sur proposition du parti PARMEHUTU, Dominique Mbonyumutwa fut élu Président de la République. Il conserva cette fonction jusqu’à sa démission le 26 octobre 1961, un mois après le référendum Kamarampaka. Le Rwanda changeait ainsi de régime, de parlementaire (Président+Premier Ministre), il devint présidentiel (un président en même temps Premier Ministre).

Il fut nommé un mois après, par le ministre de la Justice Anastase Makuza, Vice-Président de la Cour d’Appel et Président de la Chambre Civile siégeant à Nyanza, jusqu’aux législatives de 1965 dans lesquelles il se fit  élire député à l’Assemblée Nationale.

En 1968, il fut obligé de quitter le Parti MDR-PARMEHUTU suite aux dissensions internes qui ont conduit à l’exclusion de la moitié des députés accusés de « déviationnisme » (guta umurongo). Ces députés avaient en effet suivi, à partir d’un rapport, une motion de censure qui accusait le gouvernement Kayibanda de corruption.

En 1978, Dominique Mbonyumutwa fut nommé par le Président Juvénal Habyarimana au poste de « Chancellier des ordres Nationaux » jusqu’à sa mort le 26 juillet 1986.


Récupération et utilisation politique de la dépouille du Président Mbonyumutwa
Dominique Mbonyumutwa décéda à l’hôpital universitaire de Gand (Belgique) des suites d’une maladie. Le 1er août 1986, des funérailles nationales furent organisées au Rwanda à l'initiative du Président Juvénal Habyarimana. Sa dépouille fut accueillie à l’aéroport Grégoire Kayibanda par la Garde Nationale et les hauts dignitaires de l’État. Il fut enterré au stade de la Démocratie à Gitarama où avait été proclamé l’abolition de la monarchie féodale et où il avait été lui-même proclamé premier président de la République rwandaise le 28 janvier 1961, avec tous les honneurs réservés aux Chefs d’Etat.


A son retour d'exil, en vue d'être candidate à l'élection présidentielle en 2010, Victoire Ingabire présidente des Forces Démocratiques Unifiées (Inkingi), s'est recueillie le 17 janvier 2010 sur la tombe de Mbonyumutwa au stade de la Démocratie à Gitarama. Le conseil du gouvernement examina la question du stade de la Démocratie et prit, le 29 janvier 2010, la décision de soustraire du domaine public le terrain sur lequel il est bâti et d’en faire un patrimoine privé de l’Etat. Suite à cette décision, les autorités de la ville de Gitarama (devenue district de Muhanga) prirent la décision de réaffecter le terrain et d’y ériger un nouveau projet immobilier, dans le cadre du développement urbanistique de la ville. Les autorités décidèrent ainsi de déplacer la tombe de Dominique Mbonyumutwa. Un arrêté du Premier Ministre rwandais Bernard Makuza, portant désaffection du domaine public de la parcelle dans laquelle étaient construits le stade de la Démocratie et le tombeau de Dominique Mbonyumutwa fut émis et publié le 26 mai 2010 dans le journal officiel de l’Etat, 49ème année bis (arrêté n°30/03). Dans la nuit du 1er au 2 mai 2010 la tombe de Dominique Mbonyumutwa fut déplacée par les autorités du District de Muhanga vers un cimetière communal de Muhanga (ex Gitarama).

Eugène Shimamungu

www.editions-sources-du-nil.eu

 

Bibliographie

 

  • Pierre-Célestin, KABANDA, Rwanda, l'idéal des pionniers: les hommes qui ont fait la différence, Éditions Sources du Nil, Lille, 2012. ISBN: 978-2-919201-07-5.
  • Shingiro, MBONYUMUTWA, Rwanda: à quand la démocratie? 2 guerres civiles sur 1 génération, Éditions L'Harmattan, Paris, 2009. ISBN: 978-2-296-053175.
  • François-Xavier, MUNYARUGERERO, Réseaux, pouvoirs, oppositions: la compétition politique au Rwanda, Éditions L'Harmattan, Paris. ISBN: 2-7475-3610-6.
  • Innocent NSENGIMANA, Rwanda, la marche vers l'indépendance, Editions Sources du Nil, Lille, 2012,  ISBN: 978-2-919201-08-2.
  • République Rwandaise, Organisation de l'administration centrale rwandaise de 1960 à nos jours, Présidence de la République, Kigali, 1983.
  • Eugène SHIMAMUNGU, Juvénal Habyarimana, l'homme assassiné le 6 avril 1994, Éditions Sources du Nil, Lille, 2004. ISBN: 2-9521712-0-3.
  • http://www.dominiquembonyumutwa.info

 


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