Le journal Umuseso menacé de suspension a été brièvement saisi
APA-Kigali (Rwanda) Le principal journal indépendant du Rwanda, Umuseso, est menacé de suspension pour une durée de trois mois, a-t-on appris lundi auprès de sa rédaction.
« Le Haut conseil des médias a demandé la semaine dernière au ministère de l’Information de suspendre notre journal ; mais le ministère n’a pas encore réagi », a indiqué à APA Didas Gasana, directeur de publication adjoint d’Umuseso.
« Le dernier numéro de notre journal a été brièvement saisi hier (dimanche) à la frontière avec l’Ouganda. Il nous a été remis lorsque nous avons expliqué aux plus hauts responsables de la police que le ministère de s’était pas encore prononcé », a-t-il poursuivi.
L’hebdomadaire Umuseso est imprimé à Kampala, en Ouganda.
Selon l’organisation de défense de la liberté de presse, Reporters sans frontières (RSF), le Haut conseil des médias (HCM) accuse Umuseso "d’offense à la personne du président de la République", de "semer la confusion au sein de la population", de "propagation de rumeurs", de "diffamation", et enfin de verser dans « le sensationnel excessif".
La demande du HCM fait suite à la publication, dans le numéro 365 de Umuseso daté du 20-27 juillet 2009, d’un article comparant le pouvoir de l’actuel président rwandais, Paul Kagame, avec celui de Juvénal Habyarimana, chef de l’Etat jusqu’à la veille du génocide 1994, toujours selon RSF.
« Après la suspension temporaire des émissions de la BBC en kinyarwanda, celle du journal Umuseso (aurait) pour conséquence de restreindre encore un peu plus l’accès des Rwandais à l’information », estime RSF dans un communiqué consulté lundi sur son site internet.
« Si toutes les voix un tant soit peu libres et critiques sont réprimées ou bâillonnées, l’élection présidentielle de 2010 pourra-t-elle être juste et équitable ?", s’interroge l’organisation.
Le 27 juillet, lors d’une conférence de presse avec le président de la République, la ministre de l’Information, Louise Mushikiwabo, avait annoncé que journal Umuseso et un autre hebdomadaire, Umuvugizi, risquaient d’être fermés car ils n’avaient pas « changé de comportement en dépit de leur mise en quarantaine ».