La véritable identité de Laurent Nkundabatware alias Nkundakozera
En hommage à mon ami Nicaise Kibel'Bel Oka lauréat du "Free Press Africa Award", je publie certains des articles du n°205 de son journal "Les Coulisses" du 20 juillet au 15 août 2009
Rwanda – RDCongo
Laurent Nkunda, un enjeu diplomatique
Laurent Nkunda, fond de commerce ou enjeu diplomatique ? Son extradition vers le Congo ne serait-elle conditionnée par d’autres exigences plus complexes de la part de Paul Kagame ? Possible. Une chose est certaine. A ce jour, le tribunal de la Grande Instance (TGI) de Gisenyi au Rwanda s’est déclaré « incompétent » dans le procès Laurent Nkunda. D’où la question : pourquoi Kagame garde-t-il un Congolais sur son sol, lui qui n’a pas commis d’infractions au Rwanda ? Pour de nombreuses personnes, même si les pays n’ont pas des intérêts, Laurent Nkunda défendant les mêmes causes que Paul Kagame, il serait hasardeux de le sacrifier. Le livrer à Joseph Kabila sans condition serait compris de la part des Tutsi congolais comme un acte d’ingratitude assimilé à une haute trahison. Ce qui compromettrait les nouvelles stratégies de déstabilisation du Kivu.
La vraie identité de Nkunda Kozera
De nombreux occidentaux sont passés pour des « spécialistes » du Kivu égrenant des biographies forgées de Laurent Nkunda sans le connaître réellement. Nos services ont mené des enquêtes interrogeant ça et là des personnes l’ayant connu et avec qui il a grandi. Aujourd’hui, Les Coulisses peut répondre à la question de savoir qui est réellement cet ancien homme fort de Kirolirwe/Masisi ayant tenu à maintes reprises les Fardc en échec.
Laurent Nkunda, le seigneur de guerre tutsi, est né un certain le 6 février 1967 à la localité de Mirangi dans le Bwito, territoire de Rutshuru au Nord-Kivu. Il est né d’un couple tutsi dont le père s’appelait Rugayo Bubu. A sa naissance, les parents lui donnèrent les noms de Karuna Nkundakozera. Il aura à son baptême à la paroisse catholique de Luofu (Sud Lubero), le prénom de Laurent comme le témoignent certains catéchistes du milieu. Catholiques pratiquants, les parents finiront par se convertir au protestantisme, l’Eglise Adventiste du 7e jour.
En 1981, à l’âge de 14 ans, Laurent Karuna Nkundakozera perd son père de façon dramatique. Il en restera marqué toute sa vie. En effet, son père fut décapité par des inconnus dans le village Kitibito, dans le Bwito en territoire de Rutshuru. Il évoque ce souvenir avec beaucoup de remords.
Laurent Karuna Nkundakozera fréquenta l’école primaire Kyatotoma près de Mirangi. Son certificat obtenu, il est orienté à l’Institut Katwe de Bwito. De sa carrière, on retient que Laurent Karuna Nkundakozera fut enseignant à l’Ecole primaire Kikuku de Bwito. Après, il a vécu pendant une dizaine d’années dans le Lubero. Kanyabayonga, Lukanga, Butembo sous la tutelle de son oncle paternel, le nommé Côme, alors directeur de l’Ecole primaire officielle de Matanda/Butembo. Des sources recoupées, l’oncle Côme était chargé de recrutement pour le compte du Front patriotique rwandais (FPR) dans les années 1990. Son habitation située sur l’avenue Matokeo/Butembo non loin de l’actuel tribunal de paix, servait de lieu des réunions secrètes et clandestines de tous les Tutsi du coin.
Agé de 25 ans, Laurent Karuna Nkundakozera sera remis au FPR par son oncle pour contribution à l’effort de guerre. En 1992, il fait son entrée dans la rébellion tutsi du FPR qui mettra fin au règne du président hutu rwandais Juvénal Habyarimana. En 1996, Laurent Nkunda retourne au Zaïre avec la vague de l’AFDL. Il est fait colonel par Mzee Laurent Kabila et prend le commandement de la Brigade des Forces Armées Congolaise (FAC) jusqu’au 1er août 1998.
Le 2 août 1998, l’administration locale du territoire de Walikale, exécutant l’ordre de Kinshasa, demande au colonel tutsi Laurent Nkunda et ses hommes de quitter le sol congolais. Dans l’entre-temps, une autre rébellion agression vient de commencer depuis Goma. Le 13 août 1998, Laurent Nkunda revient à Walikale avant de continuer jusqu’à Kisangani à la tête des troupes mixtes APR-RCD. Des actes de vandalisme et des massacres sont commis par les hommes du colonel Laurent Nkunda. Une dizaine d’officiers FAC seront exécutés au confluent des rivières Kuya et Lowa, croisement de la route principale et de l’avenue qui mène vers le bureau du territoire. A Kisangani, Laurent Karuna devenu Nkunda et son coéquipier Amisi Kumba dit « Tango Four » sont accusés de s’être livrés à des tueries répétées des militaires et des civils.
En 1999, un autre malheur frappe la famille. Laurent Nkunda perd son épouse à Kisangani, morte de mort naturelle. Elle sera pleurée et enterrée à Goma, Nord-Kivu. Paix à son âme.
En 2003, nommé général par décret présidentiel, Nkunda décline l’offre avec son coéquipier Amisi Kumba qui va se rétracter par la suite. Nkunda refuse de gagner Kinshasa pour prêter serment.
En 2004, Laurent Nkunda rejoint le colonel Mutebutsi dans l’offensive sur Bukavu. Il conduit deux bataillons des miliciens du TPD qui l’aident à occuper momentanément Bukavu.
Sous la pression de la communauté internationale et de la puissance de feu du général Mbuza Mabe, Laurent Nkunda surnommé « Nkundabatware » et ses hommes se retirent de Bukavu pour s’installer dans les collines de Kirolirwe dans le Masisi où il va créer le CNDP. Plusieurs tentatives pour le ramener à la raison sont restées sans succès. Le CNDP est un Etat dans le Nord-Kivu ayant son administration et sa police – Laurent Nkunda est un véritable paria, idéologue pédagogue qui prêche la libération du Congo partant de la réconciliation de tous les fils et filles notamment le retour de 40 mille familles tutsi réfugiées au Rwanda.
En 2007, les opérations de mixage se soldent par un autre échec.
En 2008, la conférence de Goma verra le CNDP faire volte face et relancer les combats dans le Masisi (Ngungu) et le Rutshuru (Rumangabo). Le CNDP est aux portes de Goma mettant en déroute les Fardc. Laurent Nkunda a le vent en poupe et nargue Kinshasa. Cependant, ses hommes viennent pour la deuxième (2006 et 2008) fois de commettre des massacres des populations civiles à Rutshuru – centre. Des pressions sons exercées sur Paul Kagame.
Laurent Nkundakozera devenu à la faveur de son deuxième mariage avec une femme Shi du Sud-Kivu, Nkunda Mihigo est déjà un cas de conscience pour Paul Kagame. Le passage du Belge Louis Michel dans son maquis sera déterminant pour le reste du parcours du feu follet des caméras occidentales qui vantent ses hauts faits. Il ne sait pas lire les signes des temps ,obnubilé par les succès récoltés. La danse exécutée avec le vieux Obasanjo ne lui dévoile pas le piège.
Début janvier 2009, Bosco Ntaganda, son Chef d’Etat-major chargé des opérations fait une déclaration fracassante contre lui : il se rallie aux efforts de paix au Nord-Kivu.
Le 22 janvier 2009, Laurent Nkunda est récupéré vers 22 heures par le RDF puis acheminé à Gisenyi où il est gardé jusqu’à ce jour.
Certaines langues à Kigali affirment que la question de l’extradition de Laurent Nkunda divise la classe politique rwandaise tant elle pose le problème du regard des Tutsi congolais, alliés naturels des Tutsi rwandais du FPR.
Service des enquêtes de la
Rédaction