Les contrats chinois avec le Congo: la menace de DSK
En hommage à mon ami Nicaise Kibel'Bel Oka lauréat du "Free Press Africa Award", je publie certains des articles du n°205 de son journal "Les Coulisses" du 20 juillet au 15 août 2009
F.M.I. – RDC - contrat chinois
Kabila entre le marteau et l’enclume
Ni ange ni démon mais ami de la RDC. Ami qui doit lui dire en face ce qui ne va pas. Dominique Strauss Khan (DSK), le Directeur Général du FMI le déclarait dimanche
24 mai à Kinshasa. Ni ange ni démon, en réalité, plus démon qu’ange. Et la
vérité d’un ami a été claire : le contrat chinois à renégocier.
Le FMI, venu en ami au Congo, imposait pour ainsi un accord fondé sur une « acceptation volontaire » du gouvernement congolais de cracher sur le contrat chinois. Séduction et pressions « amicales ». Chantage ou négociation ? Le discours de DSK, clair et limpide, est une menace d’interrompre tout investissement de fond par l’Occident. Et le contredire serait suicidaire pour Joseph Kabila et son gouvernement.
Le grand reproche qu’on fait à Joseph Kabila est celui de fuir les bailleurs traditionnels à qui la RDC doit une bagatelle de dollars $ 12 milliards pour l’essentiel contactés à l’époque de Mobutu et que Laurent-Désiré Kabila refusa de payer. Joseph Kabila a préféré convoler en nouvelles noces avec la Chine pour une bagatelle somme de dollars U$ 9milliards contre la construction des infrastructures et la cession des ressources minières. Cela énerve l’Occident.
La RDCongo n’a pas que le contrat chinois à renégocier. Il y a aussi les contrats miniers à revisiter. Cela n’enchante pas les multinationales occidentales. A ce jour où la classe politique congolaise est divisée et que l’opposition crie victoire en faveur du F.M.I., les économistes congolais qui ne prendraient pas la dimension géopolitique de l’affaire risquent d’être déphasés. La Chine vient arracher de la bouche des Occidentaux le Congo ,dont l’économie avait été cédée aux Américains en 1960 par le lobby belge.
Ce que le gouvernement ne dit pas au peuple, c'est qu’il paie chaque mois dollars U$ 50 millions pour la fameuse dette et que les institutions de Bretton Wood n’accordent plus de crédit à la RDC. La politique de ces institutions financières internationales a toujours été de financer un minimum d’investissements sociaux destinés à contenir la colère du peuple. Joseph Kabila savait comme nous le déclarait un Chinois, « avec ces contrats vous aurez de sérieux problèmes avec les Occidentaux. Ou votre pays connaîtra l’instabilité (donc la guerre) ou votre président sera assassiné ».
Le Congo est toujours en guerre. La sous alimentation meurtrière aggravée par cette insécurité fait des ravages. Devant le regard complaisant des Nations Unies et d’une ribambelle d’ONG de développement. Dans le même ordre d’idées, l’on peut s’étonner de cet acharnement contre le contrat chinois alors que l’Angola, le Congo – Brazza, l’Ouganda … ont signé des contrats avec les Chinois. Joseph Kabila est devant le dilemme cornélien : vaincre ou mourir, mieux les deux. Le FMI règne en maître sur les économies de tous les pays écrasés par une dette extérieure.
Pour endiguer la dette extérieure cumulée des 122 pays dits en voie de développement (± 2.100 milliards U$ en 2007), le Fonds Monétaire Internationale (FMI) impose périodiquement aux pays plus pauvres des plans dits d’ajustement structurel. Pratiquement, tous ces plans privilégient l’agriculture d’exportation au détriment des cultures vivrières. Pour une raison simple : le pays débiteur pourra s’assurer des devises. Or, ni les intérêts ni l’amortissement de la dette extérieure ne sauraient être financés en monnaie locale. Il faut donc à tout prix se procurer des devises.
De ce point de vue, le FMI se fait le gardien impitoyable des intérêts des grandes banques créancières et des sociétés multinationales occidentales, contribuant ainsi à anéantir l’agriculture vivrière dans nombre des pays du Sud. Il existe une relation de cause à effet entre les stratégies du FMI et l’accroissement du nombre de victimes de la faim, peut-on lire dans l’excellent ouvrage de Jean Ziegler « La Haine de l’Occident » p. 286. De la même manière que le FMI exige une renégociation du contrat chinois, on devrait lui exiger en retour la renégociation de la dette extérieure contractée sous Mobutu. Car, cet argent est logé dans les banques occidentales.