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 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

Les FARDC "violent, les commandants ferment les yeux" (HRW)

17 Juillet 2009 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Justice et Droits de l'homme

BRUXELLES (AFP) - "Un des soldats m'a violée. Mes parents ont parlé à un commandant et il a dit que les soldats ne violaient pas". Témoignages de dizaines de victimes à l'appui, Human Rights Watch a dénoncé jeudi "l'impunité" des forces armées en République démocratique du Congo.

Quelque 7.703 cas de violences sexuelles, souvent sur des femmes et des jeunes filles, ont été enregistrées par l'ONU en 2008 dans l'est du pays et depuis janvier dernier, les cas de viols dans les provinces du sud et nord Kivu "ont doublé ou triplé", selon un rapport de l'organisation de défense des droits de l'Homme.

Dans son étude intitulée "Les soldats violent, les commandants ferment les yeux", HRW conclut que les forces armées congolaises (FARDC), massivement déployées dans l'Est où elles traquent notamment les rebelles rwandais, "comptent parmi les principaux auteurs de ces actes, contribuant au climat d'insécurité et d'impunité qui règne dans l'est du Congo".

Certes, "le gouvernement congolais, l'ONU et d'autres ont fait beaucoup en matière d'aide aux victimes de violences sexuelles", note l'auteur du rapport, Juliane Kippenberg.

Le 7 juillet, l'état-major de l'armée a notamment assuré que les "vols, tortures, pillages" commis par ses soldats seront désormais punis selon "la rigueur de la loi".

"Mais pour ce qui est de mettre fin au climat permissif qui engendre ces violences, leurs initiatives se sont avérées limitées", estime Mme Kippenberg.

Ainsi, seuls 27 soldats opérant au Kivu ont été condamnés en 2008 et aucun haut gradé.

"La responsabilité pénale des officiers supérieurs, et notamment leur responsabilité du commandement, fait rarement l'objet d'enquêtes de la part des procureurs militaires", dénonce encore HRW, regrettant que les commandants militaires restent des "personnages puissants et intouchables".

Illustration: le témoignage de Minova, 15 ans, battue par deux soldats près de Bitonga (Nord-Kivu) et violée par l'un d'eux. Quand elle a raconté son calvaire, ses parents sont partis à la recherche de ses agresseurs. "Nous avons trouvé les soldats mais ils ont nié ce qui était arrivé. Mes parents ont parlé à un commandant et il a dit que les soldats ne violaient pas et que je mentais", raconte la jeune fille, qui a pourtant identifié les deux hommes.

Le rapport s'attache plus particulièrement aux actes, pour la plupart non punis, de la 14e brigade de l'armée congolaise basée dans l'est de la RDC à partir de 2006 et dont les violences sexuelles "persistent à ce jour" malgré sa dissolution en mars 2009.


"Les soldats qui sont venus chez moi étaient six. D'abord ils ont violé ma petite soeur de trois ans, puis deux d'entre eux m'ont violée pendant que les autres pillaient notre maison", raconte ainsi une adolescente de 15 ans du Sud-Kivu.


"Nous étions trois jeunes filles. Ils (les soldats) nous ont violées et nous ont traînées jusque dans leur camp pas loin. Je suis restée là durant un mois surveillée de manière permanente. (...) Il (l'un d'entre eux) me prenait à tout moment, lorsque cela lui plaisait, et avec beaucoup de violence", raconte une autre victime de 23 ans, qui a fini par tomber enceinte et a réussi à s'enfuir.

Afin de mettre un terme à cette situation, Human Rights Watch suggère la création d'une "chambre mixte" composée de juges et de procureurs congolais et internationaux, "qui aiderait à remédier aux faiblesses du système judiciaire national".

L'organisation appelle également à une réforme de l'armée et à l'amélioration des conditions de vie des soldats. Elle demande au conseil de sécurité de l'ONU à adopter des "mesures sévères" à l'encontre des coupables, notamment des interdictions de voyager.
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