L'eugénisme au centre des préoccupations du Gouvernement rwandais

  Nous avons appris  avec consternation de l'agence rwandaise d'information (ARI) du 2 juillet 2009, que le gouvernement rwandais était en train de vouloir faire passer au parlement un projet de loi sur les stérilisations contraintes ainsi que les dépistages forcés du virus du SIDA pour ceux qui se préparent au mariage et ceux qui sont en couple à la demande d’un conjoint. Pourtant le Rwanda a voté la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2008. Heureusement le projet a été rejeté, suite à une levée de boucliers de Human Rights Watch. Selon le Directeur de la Division Santé et droits humains à HRW « Les tests de dépistage du VIH et la stérilisation obligatoires vont à l'encontre des objectifs d'amélioration de la santé reproductive fixés par le gouvernement rwandais. (…) Les dispositions dévalorisantes, coercitives ou qui refusent à l'être humain ses droits en matière de santé reproductive doivent être retirées de l'actuel projet de loi. »

  Au centre de cette polémique, l’initiateur de cette loi (selon l’agence gouvernementale ARI/RNA), l’ancien ministre de la Santé aujourd’hui Vice-président du parlement Jean Damascène Ntawukuriryayo, Docteur en pharmacie, qui n’ignorait pas les implications d’une telle politique héritée du nazisme. C’était aussi le même Vice-président du Parlement qui était chargé de répondre à la presse par des dénégations à la BBC Gahuzamiryango, où, sans convaincre personne, ses dénégations trahissaient une ferme volonté du Gouvernement de passer à l’acte en dehors de la loi. Car jusque-là ce projet de loi concerne les handicapés mentaux, les candidats au mariage et les couples mariés, mais l’on ne sait pas ce qui se passe actuellement dans les asiles psychiatriques à l'abri des regards.

  L’eugénisme se définit comme un ensemble de méthodes destinées à améliorer le patrimoine génétique de l’espèce humaine à la recherche de l’enfant parfait en vue de la pureté de la race.

Adolf Hitler avait déjà préconisé cette méthode dans Mein Kampf :

Si, pendant six cents ans, les individus dégénérés physiquement ou souffrant de maladies mentales étaient mis hors d'état d'engendrer, l'humanité serait délivrée de maux d'une gravité incommensurable; elle jouirait d'une santé dont on peut aujourd'hui se faire difficilement une idée. En favorisant consciemment et systématiquement la fécondité des éléments les plus robustes de notre peuple. On obtiendra une race dont le rôle sera, du moins tout d'abord, d'éliminer les germes de la décadence physique et, par suite, morale, dont nous souffrons aujourd'hui. Car, lorsqu'un peuple et un Etat se seront engagés dans cette voie, on se préoccupera tout naturellement de développer la valeur de ce qui constitue la moelle la plus précieuse de la race et d'augmenter sa fécondité pour qu'enfin toute la nation participe à ce bien suprême : une race obtenue selon les règles de l'eugénisme.

Adolf Hitler, Mein Kampf (traduction libre)

   Dès 1933, l’Allemagne nazie a posé les bases d’une politique eugéniste dans un programme intitulé Aktion T4 d’euthanasie et de stérilisations forcées. L’on estime à environ 400.000 personnes qui furent stérilisées entre 1933 et 1945. Cette politique a finalement dégénéré et fut utilisée pour éliminer les personnes indésirables : euthanasie, camps de concentration pour les alcooliques, criminels, délinquants, asociaux divers, castration des criminels sexuels et homosexuels, stérilisation des enfants métis nés de mères allemandes et pères africains, nord africains, indochinois de l'armée d'occupation française, extermination des Tziganes et des Juifs. Les moyens matériels furent perfectionnés, façon industrielle, pour pouvoir donner la mort au plus grand nombre de personnes possibles : ainsi furent inventés les chambres à gaz.

  On ne peut pas savoir ce qui a motivé le gouvernement rwandais à présenter ce projet de loi. Il faut déjà se rappeler qu’il y a déjà au Rwanda un programme de limitation des naissances actuellement en application qui oblige les couples à ne pas avoir plus de 3 enfants, sous peine d’amendes et autres impôts. La même équipe dirigée par Jean Damascène Ntawukuriryayo est en train de faire campagne que ce nombre soit réduit à deux selon l'Agence Rwandaise d'Information (ARI/RNA). Le programme n’est sans doute pas aussi drastique comme celui de la Chine où le couple n’a droit qu’à un seul enfant. Officiellement au Rwanda  le programme de limitation des naissances au Rwanda est appliqué pour répondre au problème de la démographie galopante. Mais dans le contexte du conflit Hutu/Tutsi, où les Hutu représentent plus de 80% de la population, avec moins de 15% des Tutsis, ce programme revêt d’autres implications politiques à savoir qui sont les plus visés par cette politique. Car le Président Kagame lui-même dans ses discours ne manque pas de faire allusion au rééquilibrage des proportions par la « tea spoon policy » : un tonneau rempli d’eau peut être vidé à l’aide d’une cuillère à café ! Dans son discours du 07/04/2007, il s’est plaint que des millions de personnes aient pu échapper aux massacres du Front Patriotique Rwandais en fuyant au Congo !

Eugène Shimamungu

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