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 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

Paul Kagame à Paris… ça sent déjà le soufre !

1 Septembre 2011 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Newsletters

  Billet d'humeur d'Eugène Shimamungu (Newsletter n°34, septembre 2011)

Sommaire

La confrontation est-elle inévitable entre pro et anti Kagame dans les rues de Paris ?. 1  

Paul Kagame est-il une marionnette des Occidentaux ?. 2

Le plan Cohen-Sarkozy et la partition du Congo : Plan de colonisation tutsi au Kivu et région de l’Afrique centrale ?  3

Normalisation : ça trompe énormément. 4

 

 

Les préparatifs d’accueil pour du dictateur rwandais continuent, et chacun fourbit discrètement ses arguments pour dire et se faire comprendre :



Côté français, rien ne filtre au niveau du gouvernement.  On n’a même pas la confirmation qu’Alain Juppé va devoir s’absenter  pour manifester son désaccord et également pour ne pas serrer la main du diable. Mais l’on sait déjà que les militaires français surtout ceux de l’Opération Turquoise, ont fait savoir que la visite dukameandmedia.jpg Président-Dictateur rwandais est un affront pour la France et pour l’honneur de ses soldats accusés injustement d’avoir trempé dans le génocide, alors qu’ils avaient été dépêchés au mois de mai 1994, pour sauver ce qui pouvait encore l’être et sans aucun doute  des vies humaines  ont été épargnées. Paul Kagame ne s’était-il pas juré de les jeter dans le lac Kivu , selon ses propres  déclarations  datés du 7/4/2007 à Murambi, où il s’était plaint que tout ce monde là (plus d’un million de personnes) se soient échappés. C’est en réalité, tout ce qu’il reproche aux soldats de l’opération turquoise.  L’on n’a pas encore entendu les familles des victimes françaises de l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana,  ou les autres victimes françaises de la tragédie rwandaise, mais nul doute qu’ils vont suivre de près les moindres faits et gestes du dictateur rwandais, car si vérités et contre-vérités ont été dites à propos de l’attentat contre l’avion présidentiel, justice n’a pas été rendue.

Côté  gouvernement rwandais une délégation conduite par Louise Mushikiwabo est attendue à Paris dès le 7 septembre. Paul Kagame rencontrera la « diaspora » rwandaise (militants acquis au régime rwandais)   le 11 septembre, date mythique et hautement symbolique pour un terroriste de son envergure. En fixant cette date, l’ambassadeur du Rwanda a sans doute voulu éviter la confrontation directe, comme à Chicago, avec les manifestants qui se produiront le 12 septembre dans les rues de Paris ! Le 12, personne ne pourra l’éviter, peut-être pas physique (les forces de l’ordre sont averties), en tous cas verbale.  Mais tout le monde a les yeux fixés sur le procès de Victoire Ingabire, qui par un « hasard » pourrait-on croire (car le hasard n’existe pas sous la férule de Paul Kagame), se tiendra le 5 septembre 2011 : sera-t-elle libérée pour préparer l’opinion française à un accueil bienveillant de P. Kagame par son homologue français Nicolas Sarkozy ou sera-t-elle maintenue en prison pour montrer les muscles ? De toute façon si libération il y a, elle ne servira à rien si Ingabire ne peut pas quitter le territoire rwandais, car sitôt la visite finie elle risque d’être reconduite en prison ! Ne rêvons surtout pas car il n’est pas acquis non plus pour Kagame qu’une fois libérée, Ingabire quitte le territoire d’elle-même.  Or pour le dictateur Kagame, il n’y a aucune raison de la laisser en liberté à Kigali où elle est susceptible d’organiser des manifestations genre « printemps arabe » !

Côté opposition exilée  rwando-congolaise, elle s’apprête à inonder Paris de manifestants (plus d’un millier kagame-criminel-manif-chicago-08-201106attendus) par bus en provenance de Bruxelles ou d’autres régions de France, histoire de battre tous les records, en tous cas celui de Chicago qui n’a pu réunir que quelques centaines de manifestants. Banderoles et pancartes (« Kagame terroriste », « Kagame assassin », « Kagame génocidaire ») porte-voix et vuvuzellas des grandes manifestations, seront sortis des placards, pour dénoncer la visite du général-président-dictateur-terroriste  qui ne mérite pas mieux que Kadhafi.  Pour mémoire celui-ci fut accueilli par à l’Elysée en 2007 avant de se faire chasser du pouvoir 4 années plus tard, par le même Sarkozy à coup de bombes, à la seule différence qu’il n’y a plus de Rama Yade pour clamer tout haut ce que la classe politique française pense tout bas  «Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort.» Mutatis mutandis, la phrase est applicable au Général Président terroriste Kagame qui fait encore des records staliniens aux élections et n’hésite pas à tuer, à embastiller les dirigeants de son opposition,  à massacrer sa population ! Comme les victimes françaises du conflit, personne n’a encore entendu la voix des victimes rwandaises. Une plainte pourrait être déposée ce même lundi par les avocats des associations des victimes, et Kagame pourrait repartir au Rwanda illico presto, la queue entre les jambes, comme en Oklahoma (USA) où, en mai 2010,  l’avocat américain Peter Erlinder avait déposé plainte contre le général-président-dictateur-génocidaire qui fut obligé de quitter précipitamment les USA.


 

Faut-il encore reposer la question de la visite de Paul Kagame à Paris ? Les réponses sont connues, mais chacun y va de la mauvaise foi, côté gouvernement français et côté gouvernement rwandais pour donner la mauvaise réponse. Normalisation, normalisation, bien sûr ! Mais à quels frais humains, sur le dos de qui et pour quels intérêts ? Il est entendu que lorsqu’ un Président rend visite à son homologue, une visite retour estkagame 2 indispensable. C’est comme l’ascenseur, il ne peut pas rester en bas, ni en haut indéfiniment !  Mais à part ça personne ne veut répondre en vérité à la question lancinante : pourquoi la France veut-elle nouer des relations avec un dictateur génocidaire qui a fait plus de six millions de victimes rwandaises et congolaises (voir Rapport Mapping), un dictateur dont la soldatesque viole les femmes au  Kivu, un dictateur qui a tué Français et Espagnols et contre qui, sans son immunité présidentielle, devraient courir deux mandats d’arrêts internationaux émis par des juges français et espagnol, qui pèsent contre son entourage, un dictateur qui a commandité l’assassinat de 4 évêques catholiques (à Gakurazo),   4 présidents en exercice, bref l’homme de tous les records en matière de crime ? Le Pape du crime. Face à lui, Ben Laden ou Kadhafi font figure d’enfants de chœurs.

Paul Kagame est-il une marionnette des Occidentaux ? C’est une réalité. On pourrait même dire qu’ils se sont résignés devant le meurtre de leurs propres concitoyens à passer l’éponge au grand dam des familles des victimes. Jusqu’à présent il n’y a eu que Yves Leterme, premier ministre belge et Zapatero premier ministre espagnol, qui ont zappé Paul Kagame en refusant de l'accueillir avec les honneurs, en tous cas ils auront réussi à  lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenu dans les deux pays. Quand l’on pense que le président-criminel compte parmi ses propres conseillers, Tony Blair, l’ancien Premier Ministre de la couronne britannique, en tant que conseiller spécial, qu’il est courtisé par des hommes politiques américains comme Bill Clinton, Jesse Jackson, des hommes d’affaires américains comme Warren Buffet ou Bill Gates soi-disant philanthropes, on peut penser que rien ne peut lui arriver. Oui les Occidentaux n’ont pas d’amis ils n’ont que des intérêts, à n’importe quel prix !

Comme Paul Kagame n’est,  jusqu’à présent, pas un gourou, et qu’il n’a brillé par une quelconque autre intelligence que celle de donner la mort, il n’y a plus que le pillage des ressources naturelles du Congo pour justifier la cohue des Occidentaux autour de lui et l’intérêt officiellement tardif que manifeste le MEDEF vis-à-vis de ce criminel.   C’est, en effet, Paul Kagame qui détient les clés du coffre-fort Congo, bourré de minerais de toutes sortes, dont le pillage passe par le nettoyage de la population. Depuis l’invasion du Congo,  l’exportation des matières premières pillées de l’Est de ce pays transitent par le Rwanda. Et il n’est pas innocent que Bill Gates se soit presque installé à demeure au Rwanda, où sa fondation philanthropique « Bill et Melinda » fait du saupoudrage de dollars tantôt contre le paludisme, tantôt contre le sida (ou encore pour les toilettes « accessibles »!), pour assurer la com de Microsoft : le coltan utilisé dans les tous ordinateurs et les téléphones portables,  provient en grande partie de cette région.


 

sarkokagkabEn janvier 2009, Nicolas Sarkozy avait surpris  les observateurs les plus avisés de la région des Grands Lacs en proposant l’exploitation commune entre le Rwanda et le Congo des richesses minières du Kivu. Le Président français proposait ni plus ni moins « un partage de l’espace et des richesses » entre le Rwanda  « à la démographie dynamique et à la superficie petite » et la RDC « un pays à la superficie immense » avec une « organisation étrange des richesses frontalières ». Déjà, à entendre ces phrases bourrées de fautes stylistiques, on dirait qu’il était presque gêné ! Mais de quel droit un président français s’autorisait, depuis la conférence de Berlin en 1885, de redessiner les frontières africaines.

Il n’en a pas fallu plus pour mettre le feu aux poudres médiatiques chez nos amis Congolais ! Mais en fait le président français ne faisait que reprendre le plan Cohen paru dans le New York  Times (15/12/2008, « Can Africa Trade It’s Way to Peace ») un mois plus tôt, qui lui aussi n’est pas passé inaperçu pour les plus avertis.  L’ancien Sous-secrétaire d’état américain, le « Mr Afrique » de 1989 à 1993, qui demeure influent au sein du Département d’Etat, proposait au Président Obama, de légaliser le pillage des ressources naturelles du Congo, en prenant pour fait accompli la conquête du Kivu par le Rwanda :

« Barack Obama should appoint a special negotiator who would propose a framework for an economic common market encompassing Congo, Rwanda, Burundi, Kenya, Tanzania and Uganda. This agreement would allow the free movement of people and trade. It would give Rwandan businesses continued access to Congolese minerals and forests. The products made from those raw materials would continue to be exported through Rwanda. The big change would be the payment of royalties and taxes to the Congolese government. For most Rwandan businesses, those payments would be offset by increased revenues ».

Cette identité de point de vue entre un Président français et un diplomate américain, les deux grandes puissances qui profitent du pillage officiel et officieux des ressources minières du Congo, n’est pas fortuite. C’est-à-dire que la partition du Congo est déjà consommée par les puissances internationales : la France et les Etats-Unis d’Amérique dont les multinationales disposent des plus gros contrats miniers de la RDC et font la pluie et le beau temps dans ce pays. L’ambassadeur Herman Cohen est revenu, tout en se défendant de dire le contraire (l’art diplomatique de « dire sans dire »), remettre les points sur les « i » lors d’une interview avec le journaliste congolais Abraham Luakabuanga, mise en ligne sur You Tube, avec des déclarations qui mettaient au jour un secret de polichinelle  : « Le Rwanda partage [actuellement : ndlr] la souveraineté du Kivu » ou encore, « Au département d’Etat… le Kivu fait partie du Rwanda » (appuyer ici pour écouter l'interview). Et vlan !

Nos amis Congolais se sont encore enflammés dernièrement de voir, au dessus de l’immeuble de la mairie Bukavu, flotter à côté du drapeau congolais, un drapeau rwandais ! Mais tout cela n’est qu’une réalisation du Plan de Colonisation du Kivu datant des années 1960, dont les termes ont été renouvelés et raffermis par les accords de Lemera conclus avec l’AFDL de Laurent Désiré Kabila en 1996 bien avant l’invasion de ce qui était alorsBukavuRwanda le Zaïre. Ces accords stipulaient que la conquête du Kivu serait réalisée entre 1998 et 2008  sous deux aspects :

 − Imposition armée dans le Nord-Kivu ; − « Transfert tranquille » dans le Sud-Kivu. La première phase va se réaliser sans aucune forme de procès, sous le seul prétexte de faire chasse aux miliciens armés (Interhamwe) et aux ex-Far qui déstabilisent le Rwanda à partir du Nord-Kivu. L’occupation des villes de Goma et Butembo constitue la phase la plus décisive, suite à l’éventuelle résistance armée des autochtones. La réalisation de la deuxième phase du plan est dépendante de la première phase. Le « transfert tranquille » dans le Sud-Kivu est proportionnel à la résistance calme de l’élite, face à l’hégémonie tutsie dans la région des Grands Lacs. Cette phase est réalisable en trois étapes : l’objectif tutsi dans les villes de Bukavu et d’Uvira est de faire de ces villes les moins bantoues possible (…) : 1. L’inondation démographique dans le Sud-Kivu ; 2. La séparation physique entre les parties tutsies et celles habitées par les autochtones ; 3. Le démantèlement de l’entité non tutsie dans la province, plus particulièrement dans les villes de Bukavu et d’Uvira.

Le plan a donc été mijoté depuis très longtemps, l’on assiste à des étapes visant à le mettre en œuvre en tous cas de la part du Rwanda.


sarkozyParce que « l’histoire du Rwanda a été douloureuse » dixit Kouchner. Ce sera le temps, de la part de Nicolas Sarkozy, de reconnaître encore une fois « une forme d’aveuglement » et « de graves erreurs d’appréciation » du gouvernement français de l’époque dont il était Ministre du Budget et porte parole du gouvernement à l’époque ! De la part d’un ancien Ministre du Budget, l’argument est loin de convaincre. Et dire qu’il n’a fallu qu’un cheveu pour qu’il ne soit pas cité dans le rapport Mucyo, comme le Premier Ministre Edouard Balladur ou son collègue des Affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, aujourd’hui son Ministre des Affaires étrangères, qui sont, pour le moins, outrés  par la démarche du Président ! Paul Kagame aurait-il cherché à ménager en août 2008 date de la sortie du Rapport Mucyo, un Président que le Rwanda se préparait à accueillir début 2009 ? Encore une magouille de Bernard Kouchner, alors Ministre des Affaires Etrangères, qui avait fait des pieds et des poings pour que cette « normalisation » des relations ait lieu ! Mais l’on ne peut pas non plus faire l’impasse sur l’actuel contexte politique français : celui des élections pour l’année prochaine ! Paul Kagame apporte-il des valises de billets pour financer, comme Kadhafi (ainsi que l’un de ses fils de l’avait dit à la presse),  la campagne électorale du Président Sarkozy en fin de mandat ? On va finir par le croire!  Kagame n’a-t-il pas appris la leçon de son confrère africain ?


©Eugène Shimamungu

 

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