Les conclusions du Rapport Trévidic
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Le rapport Trévidic est un rapport d'expertise qui n'est pas chargé d'identifier les tireurs mais de livrer une expertise balistique pure simple et l'identification des lieux de tirs. Mais nous avons entendu par-ci par-là, des avocats un peu trop pressés et le régime FPR au pouvoir à Kigali, établir que ce rapport avait indiqué que les tireurs appartenaient au camp présidentiel, que donc le Président Habyarimana aurait été tué par les siens et que le FPR était ainsi exonéré. Le rapport ne dit rien de tout cela, il est même un peu vague sur l'identification du lieu de tir. Manipulé par la presse avant qu'il ne soit disponible afin que chacun puisse se faire une idée, voici certaines des conclusions du Rapport:
Le faisceau de points de cohérence qui se dégage des études que nous avons conduites nous permet de privilégier comme zone de tir la plus probable, le site de KANOMBE. Dans cette zone s’inscrivent les positions 2 et 6 (la position 1 ayant été écartée précédemment) c’est-à-dire le cimetière actuel et le bas du cimetière, sur un espace compris entre les façades arrière des trois maisons des ressortissants belges dont celle des époux PASUCH, et le sommet de la colline surplombant la vallée de NYAGARONGO. Le fait que nous privilégiions ces deux positions 2 et 6 ne signifie pas que les missiles n’ont pas pu être techniquement mis en oeuvre dans un périmètre un peu plus étendu. Nous considérons qu’une zone étendue vers l’Est et le Sud, de l’ordre d’une centaine de mètres voire plus, sous réserve d’avoir un terrain dégagé vers l’axe d’approche de l’avion, peut être prise en compte.
A propos de l'arme utilisé, il est beaucoup plus précis et confirme les résultats antérieurs du juge Bruguière qu'il s'agit bien d'un missile de fabrication soviétique:
Le système d’arme le plus susceptible d’avoir été mis en oeuvre serait le missile SA16.
Ce système d’arme de deuxième génération, dit Igla, a été développé dans les années 1970-1980 au profit de l’armée soviétique. Le système Igla a été conçu pour
procurer aux troupes terrestres, qu’elles soient à l’arrêt ou en mouvement, un moyen de se défendre contre des attaques aériennes survenant de
manière inopinée. Il a résulté de cette exigence une conception de ce système d’arme qui se caractérise par un encombrement réduit et une grande simplicité de mise en oeuvre, nécessitant
néanmoins une formation et un entraînement appropriés. Ce système fait partie des systèmes d’armes très courtes portées en service opérationnel. Il est utilisable contre les avions de
combat évoluant à grande vitesse, ainsi que contre les hélicoptères évoluant à basse altitude. Ce concept d’emploi peut toutefois être détourné pour employer ce système d’arme dans des actions
d’agression contre tout type d’aéronef passant à basse ou très basse altitude.
Le rapport précise en outre:
La mise en oeuvre de ce matériel sol-air nécessite une préparation et un entraînement sérieux. Ce n’est pas un « amateur » ou un néophyte qui peut utiliser correctement ces missiles. Comme nous l’avons précédemment indiqué, 70 tirs d’entraînement, soit 50 à60 heures, sont nécessaires pour une bonne compréhension du système d’arme afin dedevenir un tireur opérationnel.
Comme les rapports antérieurs l'ont précisé, ce type d'arme n'existait pas au sein des Forces Armées Rwandaises. Par contre il a été établi que l'armée ougandaise, base arrière du Front Patriotique Rwandais, en possédait. Le juge Trévidic n'en est pas encore à l'aboutissement d'une enquête qui dure depuis plus de 17 ans! La fragilité du rapport réside surtout dans le fait qu'il se base sur le témoignage de quelques personnes (3) qui au total sont loin de constituer un échantillon statistique et scientifique fiable.
Eugène Shimamungu