Le plus criminel des chefs d’état, Paul Kagame, vient d’éliminer son ancienne taupe Patrick Karegeya
L’opposition rwandaise en exil est en émoi suite à l’assassinat de Patrick Karegeya ancien patron des services secrets extérieurs du Rwanda. Le colonel Patrick
Karegeya était un expert des situations de conflits, et ayant été mis à la porte en 2006, le métier ne l’avait pas quitté.
Né en Ouganda en 1960 à Mbarara, Patrick Karegeya avait obtenu un diplôme en Droit à l’université de Makerere. Dès lors il avait été un agent de recrutement des jeunes pour les rebelles de la NRA, qui prendra le pouvoir en 1986 en Ouganda. Il fut arrêté en juin 1982 et jeté en prison où il passera 3 ans avant de rejoindre Yoweri Museveni dans le Luwero jusqu’à la prise du pouvoir par les rebelles de la NRA. Il sera le Vice-Directeur du contre-espionnage dans les services secrets ougandais, chargé de la coordination des services de renseignements extérieurs. Il prépara avec Yoweri Museveni l’invasion du Rwanda. Après la prise du pouvoir par le FPR au Rwanda en juillet 1994, il devient Directeur général du service de renseignements extérieurs de l’Armée Patriotique Rwandaise. A ce poste il prépara l’invasion du Congo avec son cortège d’exactions contre les populations civiles (viols et massacres) qui feront plusieurs millions de morts. En 2004, il sera le porte-parole de l’armée rwandaise.
Depuis 2006 il avait été relevé de ses fonctions pour insubordination et désertion et emprisonné. Certainement que Paul Kagame craignait l’homme qui, plus que
lui-même, avait accumulé tous les secrets du régime et de la région de l’Afrique des Grands Lacs et ne pouvait s’en débarrasser qu’en le faisant taire à jamais. Mais le super espion est toujours passé dans
les mailles du filet jusqu’à ce jour du 1er janvier 2014 où il a été trahi par son ami Apollo Ismael Kirisisi plus connu comme passeur (faker), qui se faisait payer pour embarquer les
gens vers diverses destinations sur des papiers frauduleux. Le corps de Patrick Karegeya a été retrouvé inanimé dans sa chambre à l’hôtel Michelangelo Towers où il devait recevoir Kirisisi, une
taupe qui a toujours travaillé avec lui et dont il ne s’était jamais séparé. Même en exil, Patrick Karegeya était le meilleur connaisseur des secrets d’alcôve du régime au pouvoir, à l’intérieur
duquel il disposait de plusieurs pions qui lui ont permis de prendre le large au nez et à la barbichette de Kagame. Hélas Patrick a été éliminé par son homme de main, ce sont les risques du
métier où il n’y a pas d’amis. Ce genre de personnage travaille pour le plus offrant, et cela Patrick Karegeya l’a appris à ses dépens. Pour Paul Kagame, ce n’est pas la première tentative
d’attentat sur le sol sud-africain. En 2010 une double tentative d’assassinat du Général Kayumba Nyamwasa, lui aussi réfugié en Afrique du Sud, avait échoué. Le Général s’en est sorti grièvement
blessé mais s’était vite remis de ses blessures par des soins à l’hopital.
Patrick Karegeya était resté très actif dans son exil. Il était accusé par le régime rwandais d’être derrière des attentats qui de temps en temps secouent la
ville de Kigali, d’avoir couvert la cavale de l’homme d’affaires Félicien Kabuga, il a même été accusé d’avoir assassiné le chanteur Christophe Matata par un journal pro-gouvernemental pour une
histoire de femme. Tout était bon pour ternir son image dans l’opposition rwandaise. Sa famille était également traquée, sa fille Portia, ayant été privée de passeport rwandais à son passage en
2012 dans sa famille à Mbarara où elle est née.
Patrick Karegeya possédait plusieurs secrets sur les massacres de populations civiles au Rwanda et dans la région des Grands Lacs, sur l’assassinat du Président Juvénal Habyarimana et plusieurs autres personnalités éliminées avant et après la prise du pouvoir par le FPR, notamment les assassinats d’Emmanuel Gapyisi, de Martin Bucyana, de Félicien Gatabazi, de Théoneste Lizinde, de Seth Sendashonga, de Bugirimfura et j’en passe ; des assassinats et massacres de populations civiles dans lesquels il était forcément impliqué en tant que chef des services secrets extérieurs de l’APR. Et c’est peut-être la raison pour laquelle, il était très peu loquace à ce propos. Il faut dire qu’après le déballage d’Abdul Ruzibiza (Rwanda l’histoire secrète, Editions Panama), nous n’avons pas eu de révélations fracassantes de la part des fugitifs du FPR, aujourd’hui membres du parti RNC qui promettent des révélations sans en sortir aucune. Mais il faut comprendre qu’en dévoilant des secrets, ils s’accusent eux-mêmes, car Paul Kagame n’est certainement pas celui qui a tiré sur l’avion. Il a certainement donné un ordre, qui forcément est passé par un canal de transmission, c’est-à-dire des chefs de la rébellion FPR qui ont, avec lui, planifié cet attentat, et choisi des exécutants. C’est ce que semblent nous montrer les mandats d’arrêt internationaux du juge français Jean Louis Bruguière et du juge espagnol Fernando Andreu Merelles.
Eugène Shimamungu