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 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

Le 27 octobre 1971: la RDCongo devient le Zaïre

26 Octobre 2009 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Histoire - politique

Le 27 octobre 1971 est une date mémorable pour la RDC pour avoir été un tournant historique du changement de nom du pays appelé alors Zaïre par la seule volonté du président Mobutu ayant fait passer cette décision par le Bureau Politique du parti unique d’alors, le MPR

La débaptisation opérée par Joseph-Désiré Mobutu débute, en fait, en juin 1967 avec le changement de la monnaie nationale, le Franc congolais, en Zaïre monnaie. Sans oublier la capitale Léopoldville devenue Kinshasa et l’Union minière du Haut Katanga Gécamines avec sa nationalisation. Mais c’est le 27 octobre 1971 qu’intervient la débaptisation en cascade après celle des noms du pays, République démocratique du Congo, et du fleuve Congo, respectivement en République du Zaïre et fleuve Zaïre. Décision prise par le Bureau politique du MPR et le gouvernement qui se sont réunis sous la direction du général Mobutu à bord du yacht présidentiel, sur le fleuve Congo.

Le président Mobutu est préoccupé d’appliquer la politique de l’authenticité à laquelle il faut recourir afin que les Zaïrois redeviennent «eux-mêmes». L’évolution de la situation a montré que le président du Zaïre n’a cherché qu’à asseoir son autorité et son pouvoir. Le concept Authenticité dérive du nationalisme zaïrois authentique et de la condamnation du régionalisme et du tribalisme professés par le Mouvement populaire de la Révolution (MPR), parti unique et qui deviendra plus tard un parti-Etat. Doctrine qui définissait l’authenticité comme la prise de conscience du Zaïrois de sa propre personnalité et de sa propre valeur.

Cette justification fournie aussi par Mobutu, lui-même, ne convainc non seulement les opposants à son régime, mais aussi les milieux internationaux qui ont senti la dérive totalitaire de l’homme à la toque de léopard (Mobutu). Tout part, d’ailleurs, de 1967, en cherchant à neutraliser toute source de pouvoir incontrôlé, d’importantes réformes administratives pour accroître l’emprise du pouvoir central sur les provinces. L’objectif principal de la réforme de 1967, par exemple, a été d’abolir les gouvernements provinciaux pour les remplacer par des fonctionnaires contrôlés par Kinshasa. Le principe de la centralisation fut ensuite étendu aux districts et aux territoires, avec un fonctionnaire dépendant de Kinshasa à leur tête. Les seules entités administratives qui ne tombèrent pas sous la coupe du gouvernement central furent les collectivités, les chefferies et les secteurs (comprenant plusieurs chefferies).

Légitimer le pouvoir

Il faut noter que l’authenticité a donné à Mobutu sa principale originalité philosophique. N’impliquant pas le rejet de la modernité, cette philosophie mobutienne devait être vue comme un effort pour réconcilier les aspirations des traditions culturelles zaïroises avec les exigences de la modernisation. Loin s’en faut, tout n’était que slogans pour légitimer le régime. Joseph Mobutu le proclamait lui-même, en disant. «Dans nos traditions africaines, il n’y a jamais de place pour plusieurs chefs... C’est pourquoi nous, les Congolais, désirons nous conformer aux traditions du continent, et avons décidé de joindre l’énergie des citoyens de notre pays sous bannière d’un seul parti national.»

Entre 1966 et 1971, de nombreux lieux furent aussi rebaptisés, dont voici quelques-uns de ces changements de dénomination parmi les plus importants : Léopoldville devient Kinshasa, Stanleyville Kisangani, Elisabethville Lubumbashi, Jadotville Likasi, Albertville Kalemie et Luluabourg Kananga. Le Katanga s’appelle dorénavant le Shaba, le Stanley-pool le Pool-Malebo, le Lac Léopold II le Lac-Maï-Ndombe, et le Lac Albert le Lac Mobutu.

En juillet 1967, le Bureau politique crée la Jeunesse du mouvement populaire de la révolution (JMPR), un mois après le lancement de l’Union nationale des travailleurs zaïrois (UNTZA). Structure qui met ensemble, sous une seule organisation, trois syndicats de travailleurs pré-existants. Le but a été, selon les termes du Manifeste de la N’sele, de transformer le rôle des syndicats de travailleurs de «force de confrontation» en «un organe de support à la politique gouvernementale», devenant ainsi une liaison entre les classes populaires et l’Etat. De la même façon, la JMPR a opéré un lien majeur entre les étudiants et l’Etat. En réalité, le gouvernement tentait de mettre sous sa coupe les secteurs les plus susceptibles de voir émerger une opposition au régime. En soumettant les dirigeants de travailleurs et de la jeunesse au Bureau politique du MPR, le régime espérait enrôler les forces syndicales et les étudiants dans la machinerie de l’Etat.

Abandon des prénoms chrétiens

En 1972, le général Mobutu s’appelle désormais Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga. Il oblige tous les citoyens à adopter des noms africains en lieu et place de noms européens ou chrétiens. Les standards d’habillement occidentaux sont aussi, par souci d’authenticité, abandonnés au profit de l’abacost (A bas le costume, veste à col Mao).
 
Le journal «La Libre Belgique», qui qualifie ces mesures de «décisions farfelues» comparent Mobutu à Caligula qui avait projeté faire de son cheval un proconsul et à Rosas l’Argentin qui avait rendu obligatoire le port de la moustache. Mobutu s’énerve et vocifère : «Que La Libre Belgique se tranquillise. Nous lui répondrons dans quatre mois au prochain Congrès du parti ! C’est alors que l’Occident saura si les 21 millions de Zaïrois devront garder leurs prénoms actuels ou opter pour les noms de leurs ancêtres …». En janvier 1972, le Congrès du MPR décide l’interdiction de tout prénom chrétien.

En 1973, Mobutu instaure le service civil obligatoire, connu sous le nom du terme lingala de Salongo. Il s’est agi d’occuper la population l’après-midi de chaque samedi pour des travaux d’intérêt communautaire. Officiellement présenté comme une tentative révolutionnaire de recouvrer les valeurs du communautarisme et de la solidarité inhérente aux sociétés traditionnelles, le Salongo avait pour objectifs de mobiliser la population pour des travaux collectif d’intérêt général, avec enthousiasme et sans contrainte. Mais le Salongo était de fait un labeur forcé. Le manque d’enthousiasme de la population à l’égard du Salongo a entraîné de vives résistances et un manque de motivation dans son exécution. Ce qui amena de nombreux administrateurs locaux à chercher d’autres moyens pour remplir leurs objectifs. Le fait de ne pas accomplir les prestations obligatoires pouvait occasionner un à six mois de prison vers la fin des années 1970. Toutefois, peu de Zaïrois se sont opposés au Salongo.
 
Au cours de la même année 73, une étape supplémentaire a été franchie dans la direction d’une centralisation accrue. Objectif : réaliser une fusion complète entre les structures administratives et politiques en faisant de chaque responsable politique le chef de la section correspondante du parti. Une autre conséquence a été que la réforme a entravé sérieusement la puissance des autorités traditionnelles au niveau local. Les autorités traditionnelles héréditaires désormais non reconnues, l’autorité ayant échu aux seules autorités mises en place par Kinshasa et contrôlée par voie hiérarchique.

Dès lors, le processus de centralisation a formellement éradiqué toute forme d’autonomie locale pré-existante.

Diosso Olivier/Le Potentiel

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