Kagame, le Falcon 50 et Kayumba: le foutage de gueule
Lu sur DHR
Par ce coup de gueule je veux juste m'insurger contre un "foutage" de gueule. Mais je tiens d'emblée à réiterer ici mon intime conviction quant à la
responsabilité du major Kagame dans l'acte terroriste qui coûta la vie aux passagers du Falcon 50 dans le ciel de Kanombe. Il bénéficie juste encore de la bienveillance de ses puissants complices, mais tous savent
(nous aussi) que the target was hit par eux. Ils en sont d'ailleurs tout fiers même s'ils ont une trouille mortelle lorsqu'il s'agit d'endosser la responsablité de l’élément
déclencheur d'Ishyano, le génocide qui s'en est suivi. Claudine Vidal a un jour très bien résumé cette relation entre l'exécutant Kagame et ses alliés occidentaux. Elle a, en substance,
dit qu'il y avait un pacte entre Kagame et les Occidentaux: vous ne me balancez pas et je fais autant.
Cela étant, rien ne devrait pousser ceux qui partagent cette conviction qui est mienne de gober les vaticinations régulièrement servies par ceux qui
disent avoir côtoyé le général Kagame pendant la période des faits. Déo Mushayidi (et Charles Onana) d'abord, le lieutenant Abdul Ruzibiza ensuite et maintenant le général Kayumba (et
son Rwanda National Congress). Si les deux premiers ont essayé tant mieux que mal de convaincre (2 livres très instructifs), le tout dernier en
date, lui, se fout complètement de la gueule des gens. Et c'est là que je donne raison à sieur Rwemalika. Ayant été au cœur des opérations militaires du Fpr et, plus tard, Chef
d'état-major de l'armée rwandaise, on attendait du général Kayumba plus qu'un simple "c'est Kagame qui a ordonné l'assassinat de Habyarimana".
Je ne vais pas non plus croire en cette connaissance qui m'a confié que le général Kayumba se comporte comme il le fait aujourd'hui
principalement parce qu'il a eu un sérieux contentieux financier (il parlait des contrats valant des millions de dollars) avec son ex-ami, le général Kagame. Mais le fait pour le
premier d'accuser le second rien qu'avec des circonlocutions n'honore ni l'officier supérieur qu'il est ni l'opposant politique qu'il essaie d'être et encore moins (foutage de gueule)
l'auditoire que constitue tous ceux qui suivent ce qui se passe au Rwanda depuis 1990. Soit il sait (parce qu'il était du coup) et il parle, soit il ne sait rien (parce qu'il n'y a
rien) et il se tait. Son RNC et lui-même ne peuvent pas continuer à tenir en haleine tous les assoiffés de vérité rien qu'avec un refrain qu'il ne savent pas démontrer alors qu'ils
prétendent avoir côtoyé le Diable lors de ses forfaits.
J'en veux plus particulièrement à la position du général Kayumba qui, hier encore, déclarait que son job était de tuer ses compatriotes jusqu'à ce qu'ils
perdent l'appétit de combattre. Je lui en veux car il me rappelle curieusement les pitoyables jérémiades d'un Kanyarengwe qui, de son exil tanzanien, accusait le régime de son ex-ami
Habyarimana de ne pas assez s'occuper des Tutsi alors que c'est lui-même qui était à l'origine du circulaire ministériel ayant instauré le fameux équilibre ethnique. Il a cru convaincre
sa nouvelle famille politique (les Inkotanyi), mais nous savons tous comment il a fini. En useless et nothing. Le général Kayumba réédite donc la même démarche
politicaille avec ses copains en accusant (sans preuves solides) son ex-patron alors qu'ils ont partagé les mêmes visées. De la part d'un militaire de son rang, c'est tout simplement
pathétique.
Recapitulons donc: Kayumba s'oppose à Kagame parce que ce dernier est un tyran. Réinvention de la roue? Kagame l'a voulu mort car il était gênant.
Peut-être, mais que/qui genait-il ? A son tour, Kayumba recouvre la mémoire et se souvient soudainement que c'est Kagame qui a descendu l'avion de Habyarimana. Et c'est sur cette
base qu'un parti politique doit naître et orienter toute son action, c'est-à-dire sa marche vers le pouvoir ? J'ai toute confiance en l'avenir de mon pays et l'espoir que les
affiliés au message du général-dissident Kayumba devront, à un moment ou à un autre, lui demander des comptes. Qu'il révèle par exemple une conversation qu'il dit orageuse avec son
actuel ennemi et tenue en présence du général James Kabarebe. Quoi qu'il en soit et pour se démarquer de la politique qu'ils vilipendent, ils feraient mieux d'abandonner cette politique
des non-dit...
J'ai soigneusement évité de parler du tribun et très prolixe Théogène Rudasingwa qui, en son temps, a lui aussi porté la même accusation. Pour deux
raisons: 1) les fonctions qu'il a occupé n'en faisaient pas un initié au même titre que son compère Kayumba et 2) je ne sais oublier cet extrémisme idiot qui l'a un jour fait dire qu'il
ne supportait pas la puanteur des Hutu. Eh oui. Bien sûr qu'il a demandé pardon, me direz-vous, bien sûr qu'il a fait mine de révéler des « secrets » de son ancienne famille
et bla bla bla. J'ai envi de rétorquer : doit-on construire un programme politique rien que sur cela ?
Je conclus en disant que la vague Falcon 50 ne peut en aucun cas plus permettre au général Kayumba de surfer indéfiniment sur la soif de vérité
et de liberté des Rwandais. Findifindi irutwa na so araroga dit-on chez moi. Si, comme Kanyarengwe, il nourrit un conflit personnel avec son complice d'hier, qu'il le dise
ouvertement. Si, par contre, il croit que les Rwandais qui ne portent pas le système Kagame dans leurs cœurs (moi en premier) resteront suspendus à ses ellipses, c'est raté. Qu'il parle
ou qu'il se taise à jamais. le reste n'est que pure distraction et perte de temps pour une opposition qui a déjà toutes les peines du monde à s'organiser face à la dictature
afandienne.
Cecil Kami
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