Gemena gagné par le syndrome AFDL
(Kimp)
Après la localité de Dongo, vidée de sa population depuis le jeudi 27 octobre 2009, c’est autour de Gemena, chef-lieu du Nord-Ubangi, de perdre le gros de ses habitants, enfuis en forêts ou partis en « exil » à Gbadolite, à Kinshasa ou au Congo/Brazzaville. Depuis le week-end, les nouvelles annonçant une attaque armée imminente de la ville par des miliciens appartenant tantôt à la tribu Enyele, tantôt à une structure obscure baptisée « Mouvement de Libération Indépendante des Alliés » (MLIA) ont installé la psychose. Le scénario rappelle le syndrome de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) de feu Mzee Laurent- Désiré Kabila, dont la caractéristique principale était de faire tomber les villes sans combat, en faisant croire aux civils comme aux militaires que toute résistance était inutile, au regard de la supériorité tactique et logistique présumée des rebelles. L’astuce avait tellement bien fonctionnée qu’en l’espace de 7 mois, entre octobre 1996 et mai 1997, l’armée de Mobutu était mise en déroute, se contentant simplement d’un baroud d’honneur à Kenge, pratiquement aux portes de Kinshasa, la capitale.
A en croire Radio Okapi, les assaillants n’ont toujours pas lancé leur offensive. Il semble que des éléments armés auraient été aperçus à une soixantaine de kilomètres, dans la périphérie de la localité de Bowasa. On leur prête la technique de guérilla. En effet, ils brillent par des raids sur des villages qu’ils conquièrent après qu’ils aient été désertés par tout le monde. Ainsi, en installant la peur dans les esprits et en faisant répandre la légende de leur invulnérabilité aux balles, une « rébellion » qui ne dit pas son nom est en train de se développer dans le district du Nord-Ubangui. On apprend qu’un très mauvais signal est venu des autorités administratives locales, qui s’étaient permises de renvoyer leurs familles à Kinshasa peu avant la fin du week-end, en organisant de véritables charters. Les humanitaires ont fait autant Même la localité de Dongo, récupérée par la PIR (Police d’Intervention Rapide) trois jours après les massacres (plus de 40 morts) perpétrés par les insurgés, reste déserte, plus de 35.000 personnes qui y résidaient préférant vivre dans des camps des réfugiés à Impfondo, au Congo/Brazzaville. Au-delà des appels au calme Certes, le gouverneur intérimaire de l’Equateur, Guy Inenge, ne cesse de multiplier des appels au calme aux populations non seulement du Sud-Ubangui, mais aussi du reste de la province, au regard des rumeurs de rébellion qui se répandent comme une traînée de poudre. Mais, cela ne suffit pas. Il est à souhaiter que les autorités centrales et provinciales prennent les dispositions urgentes pour mettre hors d’état de nuire la bande d’insurgés qui s’est échappée de Dongo et qui sème l’insécurité à tout vent. Il y a nécessité de riposte vigoureuse mais contrôlée pour ramener la quiétude dans cette partie de la République en proie à une situation sécuritaire qui commence à devenir inquiétante.
2009-12-08
Le Phare