France-Rwanda: Acharnement contre le Dr Munyemana
(Sud Ouest 01/02/2010)
La bulle dans laquelle vivait le docteur Sosthène Munyemana est en passe
d'éclater. Depuis hier matin et la manifestation du Collectif girondin pour le Rwanda, devant l'hôpital Saint-Cyr de Villeneuve-sur-Lot, la pression s'est un peu plus accentuée sur les épaules du
médecin rwandais qui travaille là depuis plus de huit ans, en toute tranquillité.
Le collectif l'accuse d'avoir participé au génocide des Tutsis en 1994. «
Malgré tout ce qu'il lui est reproché, il est là, tranquille. C'est révoltant », s'insurge Léonne Hodari, une Rwandaise. Sous des banderoles annonçant « Pas d'impunité pour les génocidaires » et
avec une distribution de tracts, le collectif, qui avait réuni une vingtaine de membres de Gironde, de Dordogne et du Lot-et-Garonne, voulait alerter la population villeneuvoise des soupçons qui
pèsent sur le médecin urgentiste rwandais.
« On souhaite que l'hôpital de Villeneuve suspende de ses activités le docteur
Sosthène Munyemana. Car l'impunité dont il bénéficie en dépit de rapports accablants établis par des associations comme African Rights est intolérable », juge Jean-Pierre
Cosse.
La première plainte contre Sosthène Munyemana avait été déposée en 1995, déjà
par le collectif girondin. Depuis le retour, l'an dernier, de cette affaire sur le devant de la scène, l'hôpital Saint-Cyr a toujours soutenu son médecin, arguant de la présomption d'innocence du
praticien villeneuvois.
À l'inverse, l'hôpital de Maubeuge a, en octobre 2009, suspendu de ses
fonctions Eugène Rwamucyo, un autre médecin rwandais qui, comme Sosthène Munyemana, est fiché par Interpol pour crimes de guerre et génocide. Le médecin villeneuvois a toujours clamé son
innocence et n'a jamais été inquiété par la justice française.
Jusqu'à la semaine dernière, quand il a été interpellé à son domicile girondin
et conduit devant un magistrat du parquet général de Bordeaux qui lui a notifié une demande d'extradition vers le Rwanda. Libre depuis, Sosthène Munyemana répète qu'il est « victime d'un
règlement de comptes ».
Auteur : Bastien Souperbie
HÔPITAL. Le médecin rwandais déplore les pressions exercées sur l'établissement
: Le docteur Munyemana parle d'«acharnement»
Samedi matin, les manifestants ont brandi pancartes et distribué des tracts devant l'hôpital. (photo « so »)
«C'est de l'acharnement ! » Hier, le docteur Sosthène Munyemana, médecin urgentiste au sein de l'hôpital Saint-Cyr depuis un peu plus de huit ans, a décroché son téléphone afin de dénoncer ce qu'il considère comme du « harcèlement ». Ses propos visent le Collectif girondin pour le Rwanda dont une vingtaine de membres a manifesté samedi matin (lire « Sud Ouest Dimanche ») devant les portes de l'hôpital afin de réclamer la suspension des activités du docteur rwandais soupçonné d'avoir participé au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
Samedi matin, les manifestants ont brandi pancartes et distribué des tracts devant l'hôpital. (photo « so »)
«C'est de l'acharnement ! » Hier, le docteur Sosthène Munyemana, médecin urgentiste au sein de l'hôpital Saint-Cyr depuis un peu plus de huit ans, a décroché son téléphone afin de dénoncer ce qu'il considère comme du « harcèlement ». Ses propos visent le Collectif girondin pour le Rwanda dont une vingtaine de membres a manifesté samedi matin (lire « Sud Ouest Dimanche ») devant les portes de l'hôpital afin de réclamer la suspension des activités du docteur rwandais soupçonné d'avoir participé au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
« Ils veulent mon renvoi »
Le collectif des Girondins avait été le premier en 1995 à porter plainte contre
Sosthène Munyemana avant d'être mis en sommeil suite notamment aux décès de deux des figures de proues de ce dossier. C'est il y a peu qu'il a été réactivé. La médiatisation du cas d'un autre
médecin rwandais à Maubeuge, suspendu de ses fonctions après qu'il a été révélé son avis de recherche par Interpol, a été le point de départ du retour sur la scène médiatique du cas
Munyemana.
L'intervention de Pierre Péan, qui a défendu le médecin villeneuvois et dont
les positions sur le génocide rwandais sont très controversées a semble-t-il achevé de mettre le feu aux poudres. « Les rescapés du génocide ne peuvent plus tolérer qu'une personne comme Sosthène
Munyemana dont la responsabilité est écrasante dans les massacres de Tumba, puissent se poser en victimes », s'insurge Pascal Bianchini, le porte-parole du Collectif girondin pour le Rwanda, qui
brandit un rapport d'African Rights dans lequel le médecin villeneuvois est épinglé par de nombreux témoignages. L'intéressé a toujours réfuté ces accusations jugeant là qu'il était victime d'un
« complot » et des tensions entre la France et le Rwanda.
« L'épouse d'un de mes principaux détracteurs au Rwanda, qui a fui Bordeaux,
après qu'il a été découvert qu'un document de l'ONU m'accusant était un faux, fait comme par hasard partie du collectif. En outre, le collectif ment à l'évidence sur certains points. Pourquoi
faudrait-il le croire sur tout le reste ? », estime Sosthène Munyemana qui n'a jamais été inquiété par la justice française depuis qu'il est dans l'Hexagone. « Il y a 16 présumés génocidaires en
France et aucun procès ne s'est jamais tenu alors qu'en Belgique, aux Pays-Bas et au Canada, il y en a eu », rétorque Pascal Bianchini.
« Si le collectif réclame la justice alors pourquoi ne se déplace-t-il pas devant le palais de justice de Bordeaux plutôt que devant l'hôpital de Villeneuve. Ce qu'ils veulent en fait c'est mon renvoi. » Jusqu'ici, l'hôpital de Villeneuve a toujours soutenu son médecin se rangeant derrière la présomption d'innocence.
Les choses pourraient s'accélérer en fin de semaine. Le parquet général de Bordeaux doit rendre son jugement concernant la demande d'extradition émise par le Rwanda à l'encontre de Sosthène Munyemana. Là-bas, en 2008, il a été condamné par contumace à la perpétuité. Mais le médecin se dit « serein au vu du dossier ».
Auteur : bastien souperbie
Tags : Villeneuve-sur-Lot Santé Médecine Villeneuvois
© Copyright Sud Ouest
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
B