L’on peut dire que les affaires entamées par les Etats-Unis depuis une dizaine d’années pour s’emparer du contrôle d’importantes zones minières en RDC marchent
très bien. Du côté de ses approvisionnements en minerais réputés soit pour leur résistance aux températures élevées, tel le colombo-tantalité alias coltan, soit pour leur caractère hautement
stratégique comme l’uranium, le pays de l’Oncle Sam n’a plus de soucis à se faire.
En effet, le Katanga est déjà dans la poche des Yan kees grâce à la montée en puissance du consortium Katanga Mining qui se tape 75% sur l’ensemble de l’exploitation minière. A son tour le
Kivu s’affiche dans le giron des conquêtes minières américaines après qu’ait été réaménagé le contrat chinois désormais revu à la baisse sur injonction de la Banque Mondiale et du Fonds
Monétaire International. D’ores et déjà, la Province Orientale, avec un Ituri particulièrement riche en pétrole, se trouve dans la ligne de mire des Etats-Unis résolus d’en faire leur source
d’apprivoisement.
L’avènement de Barack Obama à la Maison Blanche a fait penser à plus d’un Africain que celui-ci allait infléchir la politique des Etats-Unis dans le sens d’une plus grande implication de la
première puissance économique du monde pour impulser le développement du continent noir et, par voie de conséquence, le bien-être de ses populations.
Sans denier au président US une certaine volonté devoir l’Afrique prendre place à bord du train de la croissance, il reste que le rote du chef de l’Exécutif américain étant
essentiellement de promouvoir et de défendre les intérêts multiformes des Etats-Unis, Obama ne peut pas, sur ce plan, se comporter autrement que ses prédécesseurs. D’une administration
américaine à une autre, l’objectif reste le même, c’est-à-dire veiller à ce que les Etats-Unis demeurent Les maîtres du monde, et particulièrement dans les domaines Les plus sensibles liés à
leur stratégie globale d’unique super puissance. Seulement quelques nuances d’approche distinguent l’une de l’autre.
L’on a pu ainsi observer que l’administration Bush, père et fils, familière de l’industrie pétrolière américaine, s’est beaucoup dépensée pour garantir l’approvisionnement des Etats-Unis en
produits pétroliers en focalisant son attention et ses efforts sur les pays du Golfe. Les deux guerres suscitées dans la région en son l’illustration.
Du côté démocrate, plus proche de l’industrie de l’armement, la préférence des choix prioritaires se porte sur les minerais, surtout ceux qui sont utilisés d’une part dans les alliages
spéciaux destinés à la fabrication des navires de guerre et des avions de combat, et de l’autre dans la technologie de pointe.
En témoigne la guerre de 1996 déclenchée par l’administration Bill. Clinton en République Démocratique du Congo à la suite du génocide rwandais et dont la véritable motivation n’était rien
d’autre que de permettre aux Etats-Unis d’avoir facilement accès aux énormes ressources minières logées à l’Est du pays.
Contraindre la Rdc à céder
En effet, une fois acquise la déstabilisation de l’Est de la Rdc via cette guerre camouflée pour les besoins de la cause une guerre dite de libération et pour la quelle l’Ouganda et le Rwanda
avaient été judicieusement mis à contribution, il ne restait plus aux Etats-Unis que d’en cueillir les fruits. Pas n’importe comment, spécialement en termes de contrôle des richesses du
sous-sol congolais.
Or, là où les Américains pensaient que le changement de régime qu’ils avaient orchestré leur ouvrait automatiquement la voie de l’exploitation tous azimuts des matières premières congolaises,
les gros moyens financiers, c’est naturellement aux Etats-Unis que s’était tourné le niveau pouvoir.
Logiquement, on aurait dû s’attendre à ce que l’Oncle Sam mette le paquet au profit de la Rdc. Mais non, les Etats-Unis ainsi que leurs alliés occidentaux ont fait la sourde oreille aux
incessants appels à l’aide de feu Laurent-Désiré Kabila obligeant celui-ci à mobiliser le peu de ressources disponibles pour faire face aux défis majeurs aux quels le pays était confronté. D’où
sa célèbre formule invitant les Congolais à ne compter que sur leurs propres forces et donc à se prendre conséquemment en charge. Même ses multiples démarches pour faire reconnaître
l’agression ougando-Rwandaise de 1998 n’aboutirent qu’à l’indifférence des pays interpellés, parmi lesquels, en premier lieu, les USA qui ont mis énormément de temps de reconnaître enfin
la réalité de cette agression.
Et que dire de l’opération française Artemis I en Ituri qui n’avait pu être prolongée ni répétée simplement parce que les Américains n’en voulaient pas ? Par la suite, alors que l’on espérait
que la tenue des élections et la mise en place des institutions qui en sont issues amèneraient la communauté internationale, sous le Leadership des Etats-Unis, à agir conformément à ses
promesses, par l’accompagnement effectif des nouvelles institutions pour pacifier l’Est du pays et amorcer le décollage économique de la RDC, le gouvernement congolais n’a eu droit qu’à...,
des promesses d’honorer des promesses déjà faites.
Fatigué d’attendre, la RDC a ainsi eu l’idée salutaire de se tourner vers d’autres partenaires pour la réalisation notamment des 5 chantiers de la République. Au grand dam des partenaires
traditionnels qui n’ont dès lors ménagé aucune initiative pour faire capoter en cette matière la coopération sino-congotaise. Opération réussie, puisque les ambitions du contrat chinois ont
été ramenés à des proportions qui correspondent aux exigences de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International,donc des Etats-Unis.
AFRICOM vient, mais pour qui et pourquoi ?
Dans sa forme initiale, le contrat chinois permettait à la Chine d’avoir à sa disposition de vastes étendues renfermant des matières premières qu’il lui était loisible d’exploiter à son compte
pendant deux décennies. Remanié à la demande expresse des bailleurs des fonds traditionnels de la RDC, ce contrat dégage de l’espace pour les multinationales anglo-saxonnes intéressées depuis
toujours par l’exploitation des ressources minières de la RDC.
La situation nouvelle ainsi créée, outre qu’elle constitue en quelque sorte une forme de couronnement des opérations que mènent déjà sur le terrain des sociétés multinationales d’origine
américaine, canadienne et australienne à la suite des sociétés britanniques AMC et Afrimex et de droit belge Trademet, justifie à posteriori la pertinence des analyses selon lesquelles la cause
fondamentale de la guerre et de l’insécurité qui caractérisent l’Est de la RDC est liée à l’exploitation des ressources minières de la RDC.
C’est justement dans ce contexte de « légitimation » des prétentions américaines sur cette exploitation que se renforce l’idée de l’envoi en RDC d’une structure de commandement
militaire régional pour l’Afrique (AFRICOM) chargée de conduire les FARDC, à travers une formation adaptée, à acquérir des capacités opérationnelles de manière à faire face à tout défi
sécuritaire à l’intérieur comme aux frontières du pays.
Maintenant qu’a été atteint le but recherchée depuis 1996, c’et-à-dire la maîtrise des ressources minières de la RDC en vue de satisfaire les besoins du Pentagone en matière d’armements, place
à l’AFRICOM pour assurer la police.
Certes, dans cette optique, le programme de formation de l’AFRICOM en faveur des FARDC est évidemment positif pour le pays. Pour autant, qu’on n’aille pas croire que c’est uniquement pour cette
raison que cette structure débarque et s’installe en RDC. La partie invisible de la mission de l’AFRICOM consistera en fait à se concentrer sur la sécurisation des carrés miniers américains
contre d’éventuels prédateurs qui pourraient se manifester sous une forme ou une autre.
Autant dire que si AFRICOM vient camper en RDC, ce n’est pas pour les beaux yeux des Congolais, mais essentiellement pour protéger les intérêts américains représentés dans l’exploitation des
ressources stratégiques de la RDC. Ces intérêts-là sont de toute façon supérieurs aux risques que peuvent encourir les citoyens américains en territoire congolais pour cause d’instabilité à
l’Est, ou des problèmes de discipline dans le chef de certains éléments des FARDC qui sont déployés.
A cet égard, la note diplomatique du Département d’Etat diffusée le 1er septembre dernier et contenant des conseils de prudence à l’ensemble des citoyens américains peut, certes, intriguer,
mais ne saurait, à mon avis, remettre en cause la mission hautement stratégique d’AFRICOM en terre congolaise.
(DN/Milor/GW/Yes)
Bondo Nsama/Salongo, Digitalcongo.net
Last edited: 15/09/2009 15:37:37