Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
 Editions Sources du Nil  : Livres sur le Rwanda, Burundi, RDCongo

FARDC et CNDP rattrappés par Kiwanja et Kanyabayonga

11 Septembre 2009 , Rédigé par Editions Sources du Nil Publié dans #Justice et Droits de l'homme


(Tshieke Bukasa )

Le directeur de la Division de l’Information publique de la Mission des Nations Unies en RDC (Monuc), Kevin S. Kennedy, a présenté hier mercredi 9 septembre les rapports d’enquête du Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) sur les vastes pillages et sérieuses violations des droits de l’homme perpétrées en 2008 à Goma, Kiwanja et Kanyabayonga au Nord-Kivu. En substance, les résultats de ces enquêtes révèle le massacre perpétré à Kiwanja le 5 novembre 2008 par les Forces du Congrès National pour la Défense du Peuple( CNDP) et les violations des droits de l’homme commises par les FARDC à Goma et Kanyabayonga en octobre et novembre 2008.

En effet, rapporte le BCNUDH, le 5 novembre 2008, après les affrontements entre les combattants Maï Maï et le CNDP à Kiwanja, les éléments dirigés par le général Bosco Ntaganda ont perpétré des exécutions ciblées des civils, principalement des jeunes, soupçonnés d’être membres ou de collaborer avec les Maï Maï. « Nous confirmons 67 exécutions arbitraires commises par le CNDP. Le nombre des victimes pourrait être bien plus élevé, mais les officiers des droits de l’homme n’ont pus confirmer toutes les allégations reçues et ceci pour de sécurité liées à la protection des témoins et d’autres sources d’informations » a indiqué Kevin Kennedy. Quant aux violations commises par les FARDC à Goma et à Kanyabayonga, elles se présentent sous forme de pillages, de meurtres et d’atteintes à l’intégrité physique des civils. Réalisées au moment de leur retrait, ces infractions renseignent au moins 9 cas d’exécution arbitraire commis par des soldats des FARDC à Goma dans la nuit du 29 au 30 octobre 2008. Au moins 45 personnes étaient blessées par balles pendant la période en question, tandis que 2 exécutions sommaires et une exécution arbitraire étaient confirmées à Kayna les 17 et 18 novembre et 1 à Bulotwa, dans la zone de Kanyabayonga. S’agissant des violences sexuelles, les enquêteurs des droits de l’homme ont reçu plusieurs allégations concernant des viols qui auraient été commis à Goma dans la nuit du 29 au 30 octobre. « L’hôpital général de Goma a traité 17 cas de viol attribués à des hommes en uniforme. Cependant, dans la zone de Kanyabayonga, l’équipe a pu directement confirmer 35 des 45 cas de viol qui auraient été commis par soldats FARDC au cours du mois de novembre et authentifier un peu plus de 14 nouveaux cas entre le 30 novembre et 20 décembre pour la seule ville de Kanyabayonga », a signaléé le directeur de l’information publique de la Monuc. Recommandations « Un grand nombre de troupes responsables des violations des droits de l’homme mentionnées dans ce rapport sont toujours dans ou autour des villes ou villages qu’ils occupaient en octobre et novembre 2008 », s’est inquiété le BCNUDH, estimant que la réponse judiciaire à ces violations a été jusque-là totalement insuffisante. Pour preuve, le nombre de soldats arrêtés ne représente pas le volume des violations. En tout état de cause, un certain nombre de recommandations ont été faites à la fin de ce rapport. Elles sont adressées au gouvernement et au parlement de la RDC, ainsi qu’à la communauté internationale. Le gouvernement devrait aussi prendre des mesures nécessaires pour enquêter sur les crimes graves et violations des droits de l’homme décrits dans ce rapport. Sur le long terme, il devrait mettre en place une réforme globale du secteur de la sécurité et établir un mécanisme de vérification pour s’assurer que les auteurs des violations des droits de l’homme sont exclus de l’armée. Le parlement devrait établir une commission indépendante afin d’évaluer les causes de ces incidents et entreprendre des actions afin de remédier à la situation, notamment à travers le développement d’une stratégie globale pour la réforme du secteur de la sécurité. La communauté internationale devrait supporter une réforme. La Monuc et l’EUSEC, en particulier, devraient s’assurer que son soutien aux opérations militaires est lié à une amélioration du passif des FARDC relativement aux droits de l’homme.

Le Phare, 2009-09-10

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article