Richesses minières du Congo, enjeux de confrontation des puissances occidentales
Kinshasa, 20/07/2009 / Politique
La crise que subit la RDC a pour soubassement une guerre économique cristallisée autour de l’exploitation de ses métaux précieux or, coltan et cassitérite très
recherchés à ce jour et autour desquels s’affrontent les puissances américaines et européennes
Des rapports se succèdent pour souligner l’enjeu ou le caractère économique de la guerre en République démocratique du Congo. Tout tourne autour du contrôle des zones minières, de l’exploitation illégale et de la vente frauduleuse de ces minerais. Il
s’agit principalement du coltan, de l’or et de la cassitérite qui passent pour les « nerfs de la guerre en RDC ».
Pour le premier minerai, il est désormais établi que l’Europe et les Etats-Unis sont « totalement dépendants des réserves étrangères en coltan ». Si l’Australie et le Brésil en exportent en quantité, l’enjeu géostratégique de ces puissances qui raisonnent en termes de réserves, c’est en RDC, car le coltan de la région du Kivu représente 60 à 80% des réserves mondiales. Quant à la résistance des FDLR, elle est due au fait que cette rébellion armée contrôle des étendues minières où l’on exploite l’or et la cassitérite. C’est par le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie que l’exploitation illégale de ces minerais rares se réalise et transitent vers des cieux plus cléments. C’est-à-dire, l’Europe et l’Amérique.
Selon un travail réalisé par l’« Ecole de guerre économique », EGE, sous la direction de Christian Harbulot, les puissances économiques américano-européennes s’affrontent déjà en République démocratique du Congo. Raison de cet affrontement : le contrôle des zones minières à la recherche du COLTAN. « L’Europe et les Etats-Unis sont totalement dépendants des réserves étrangères en coltan. Si aujourd’hui, l’Australie et le Brésil en exportent en quantité, l’enjeu stratégique des puissances qui raisonnent en termes de réserves est en RDC. De fait que le coltan de la région du Kivu représente 60 à 80% des réserves mondiales de tantale (métal extrait du coltan).
Pourtant historiquement influentes dans les Grands Lacs, les puissances européennes (Allemagne, Belgique et France) disputent la maîtrise de cet or gris à des Etats-Unis qui ont depuis acquis une position stratégique », souligne cette étude de l’EGE. Et de poursuivre, « l’enjeu pour ces Etats aux systèmes de défense de haute technologie est que le coltan, en plus de son potentiel économique substantiel est « stratégical » puisque le tantale est indispensable à l’industrie aéronautique, aérospatiale et de défense (réacteurs, missiles, satellites, etc. Cette guerre se joue sur plusieurs champs de bataille, ce qui se traduit par un dispositif de contrôle de la filière de coltan à plusieurs strates, principalement en RDC ».
A ce sujet, ce rapport explique comment les choses se passent et parlent des multinationales qui soutiennent ces réseaux et brouillent les pistes du coltan en provenance du Kivu. Ce rapport cite que les puissances soutiennent politiquement leurs multinationales ainsi que les Etats pilleurs, en l’occurrence le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Quant aux minerais, après avoir quitté la RDC, prennent souvent la route jusqu’au port de Dar es-Salaam, en Tanzanie, à Safmanne, au Danemark, avec cette liaison maritime jusqu’à Anvers ou Ostende.
Mais dans cette guerre économique, il faudra désormais compter avec la Russie qui a décidé de s’intéresser également au coltan du Kivu, ainsi que la Chine qui est en train d’effectuer une percée remarquable en Afrique, précisément en RDC.
La prédation économique
Pour soutenir d’une façon ou d’une autre ce travail qui souligne l’enjeu économique de la guerre en RDC, International Crisis Group, ICG, a publié le 9 juillet 2009 à Nairobi et à Bruxelles, un rapport sur la situation de la guerre au Kivu. Et dans un chapitre consacré à la résistance des FDLR, ICG relève que les nombreux dirigeants de ce mouvement participent à la prédation économique en RDC. Ils disposent de réseaux financiers et « se caractérisent particulièrement par leur maîtrise de l’exploitation illégale des minerais rares et des autres ressources naturelles.
Cette prédation économique très rentable a permis à la hiérarchie du groupe de s’enraciner profondément et confortablement dans l’Est du Congo. Au Sud Kivu, les FDLR dominent largement les territoires de Kabare et Walungu. Le quartier général dans la région de Kabare est situé aux portes de la localité de Ninja, en bordure de nombreuses mines d’or à ciel ouvert. Dans le territoire de Walungu, les combattants FDLR sont déployés en grand nombre dans les villages de Mulamba et Tondo où ils exploitent les mines d’or et de cassitérite.
Les éléments FDLR du bataillon « Arc-en ciel » présents à Kigushu et à Kilumbi contrôlent de nombreux carrés miniers dans lesquels travaillent des creuseurs congolais. Selon les commissionnaires congolais coopérant avec les FDLR, les minerais sortis du sol du Sud-Kivu sont ensuite acheminés à travers la ville d’Uvira vers le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie.
Au Nord-Kivu, les officiers FDLR des bataillons « Montana » et Sabena » profitent entièrement du produit des mines de Munduli, Tcharingwangwa, Iramaso Iyoya et Pinga dans le secteur de Walikale. Les mines de Manguredjipa dans le territoire de Butembo, ainsi que les mines de Miriki et Kasuo dans le territoire de Lubero sont-elles contrôlées par la faction dissidente RUD-URUNAMA des FDLR en association avec la branche Nande du groupe armé congolais PARECO du commandant Kakule Lafontaine.
Le parc de Maïko, à cheval sur la frontière du territoire de Lubero et de la Province orientale, est également un lieu d’extraction illégale de minerais par les FLDR. L’or, la cassitérite et le coltan extirpés de ces zones sont ensuite écoulés sur le marché parallèle par des trafiquants ougandais et rwandais avec la complicité de certains commandants FARDC et de commerçant hutu congolais », souligne le rapport de l’ICG.
Défi de taille
Ces quelques extraits de l’étude de l’EGE et du rapport de International Crisis Group sont édifiants sur la nature de la guerre en RDC. Il s’agit maintenant d’un défi de taille pour le gouvernement congolais afin de sauver le Congo des mains des « truands ». Car, outre ces minerais rares, l’on assiste également à l’exploitation du cannabis, du chanvre ou autre drogue et du bois à Lubero, Ikobo, Walikale, Lushamabo, Bushalingwa, Bunyatenge et Buleusa.
Il revient au gouvernement de reprendre coûte que coûte le contrôle de ces zones minières qui deviennent des zones d’influence dans le conflit. Mais également entreprendre une action diplomatique de grande envergure auprès des puissances américaines et européennes qui accordent le soutien politique à leurs multinationales pour favoriser la légalité afin que chaque Etat y trouve son compte. Le contraire retarderait la fin des conflits en RDC et affaiblirait la lutte contre le terrorisme international.
D’où la nécessité d’un leadership fort en RDC pour négocier avec toutes les grandes puissances dans l’esprit et la lettre de l’Acte de Berlin dans le but de développer le Congo et d’éloigner le spectre de la balkanisation de la RDC, avec des groupes armés soutenus séparément par des puissances étrangères qui tirent profit de l’exploitation illicite des minerais congolais.
Pour le premier minerai, il est désormais établi que l’Europe et les Etats-Unis sont « totalement dépendants des réserves étrangères en coltan ». Si l’Australie et le Brésil en exportent en quantité, l’enjeu géostratégique de ces puissances qui raisonnent en termes de réserves, c’est en RDC, car le coltan de la région du Kivu représente 60 à 80% des réserves mondiales. Quant à la résistance des FDLR, elle est due au fait que cette rébellion armée contrôle des étendues minières où l’on exploite l’or et la cassitérite. C’est par le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et la Tanzanie que l’exploitation illégale de ces minerais rares se réalise et transitent vers des cieux plus cléments. C’est-à-dire, l’Europe et l’Amérique.
Selon un travail réalisé par l’« Ecole de guerre économique », EGE, sous la direction de Christian Harbulot, les puissances économiques américano-européennes s’affrontent déjà en République démocratique du Congo. Raison de cet affrontement : le contrôle des zones minières à la recherche du COLTAN. « L’Europe et les Etats-Unis sont totalement dépendants des réserves étrangères en coltan. Si aujourd’hui, l’Australie et le Brésil en exportent en quantité, l’enjeu stratégique des puissances qui raisonnent en termes de réserves est en RDC. De fait que le coltan de la région du Kivu représente 60 à 80% des réserves mondiales de tantale (métal extrait du coltan).
Pourtant historiquement influentes dans les Grands Lacs, les puissances européennes (Allemagne, Belgique et France) disputent la maîtrise de cet or gris à des Etats-Unis qui ont depuis acquis une position stratégique », souligne cette étude de l’EGE. Et de poursuivre, « l’enjeu pour ces Etats aux systèmes de défense de haute technologie est que le coltan, en plus de son potentiel économique substantiel est « stratégical » puisque le tantale est indispensable à l’industrie aéronautique, aérospatiale et de défense (réacteurs, missiles, satellites, etc. Cette guerre se joue sur plusieurs champs de bataille, ce qui se traduit par un dispositif de contrôle de la filière de coltan à plusieurs strates, principalement en RDC ».
A ce sujet, ce rapport explique comment les choses se passent et parlent des multinationales qui soutiennent ces réseaux et brouillent les pistes du coltan en provenance du Kivu. Ce rapport cite que les puissances soutiennent politiquement leurs multinationales ainsi que les Etats pilleurs, en l’occurrence le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Quant aux minerais, après avoir quitté la RDC, prennent souvent la route jusqu’au port de Dar es-Salaam, en Tanzanie, à Safmanne, au Danemark, avec cette liaison maritime jusqu’à Anvers ou Ostende.
Mais dans cette guerre économique, il faudra désormais compter avec la Russie qui a décidé de s’intéresser également au coltan du Kivu, ainsi que la Chine qui est en train d’effectuer une percée remarquable en Afrique, précisément en RDC.
La prédation économique
Pour soutenir d’une façon ou d’une autre ce travail qui souligne l’enjeu économique de la guerre en RDC, International Crisis Group, ICG, a publié le 9 juillet 2009 à Nairobi et à Bruxelles, un rapport sur la situation de la guerre au Kivu. Et dans un chapitre consacré à la résistance des FDLR, ICG relève que les nombreux dirigeants de ce mouvement participent à la prédation économique en RDC. Ils disposent de réseaux financiers et « se caractérisent particulièrement par leur maîtrise de l’exploitation illégale des minerais rares et des autres ressources naturelles.
Cette prédation économique très rentable a permis à la hiérarchie du groupe de s’enraciner profondément et confortablement dans l’Est du Congo. Au Sud Kivu, les FDLR dominent largement les territoires de Kabare et Walungu. Le quartier général dans la région de Kabare est situé aux portes de la localité de Ninja, en bordure de nombreuses mines d’or à ciel ouvert. Dans le territoire de Walungu, les combattants FDLR sont déployés en grand nombre dans les villages de Mulamba et Tondo où ils exploitent les mines d’or et de cassitérite.
Les éléments FDLR du bataillon « Arc-en ciel » présents à Kigushu et à Kilumbi contrôlent de nombreux carrés miniers dans lesquels travaillent des creuseurs congolais. Selon les commissionnaires congolais coopérant avec les FDLR, les minerais sortis du sol du Sud-Kivu sont ensuite acheminés à travers la ville d’Uvira vers le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie.
Au Nord-Kivu, les officiers FDLR des bataillons « Montana » et Sabena » profitent entièrement du produit des mines de Munduli, Tcharingwangwa, Iramaso Iyoya et Pinga dans le secteur de Walikale. Les mines de Manguredjipa dans le territoire de Butembo, ainsi que les mines de Miriki et Kasuo dans le territoire de Lubero sont-elles contrôlées par la faction dissidente RUD-URUNAMA des FDLR en association avec la branche Nande du groupe armé congolais PARECO du commandant Kakule Lafontaine.
Le parc de Maïko, à cheval sur la frontière du territoire de Lubero et de la Province orientale, est également un lieu d’extraction illégale de minerais par les FLDR. L’or, la cassitérite et le coltan extirpés de ces zones sont ensuite écoulés sur le marché parallèle par des trafiquants ougandais et rwandais avec la complicité de certains commandants FARDC et de commerçant hutu congolais », souligne le rapport de l’ICG.
Défi de taille
Ces quelques extraits de l’étude de l’EGE et du rapport de International Crisis Group sont édifiants sur la nature de la guerre en RDC. Il s’agit maintenant d’un défi de taille pour le gouvernement congolais afin de sauver le Congo des mains des « truands ». Car, outre ces minerais rares, l’on assiste également à l’exploitation du cannabis, du chanvre ou autre drogue et du bois à Lubero, Ikobo, Walikale, Lushamabo, Bushalingwa, Bunyatenge et Buleusa.
Il revient au gouvernement de reprendre coûte que coûte le contrôle de ces zones minières qui deviennent des zones d’influence dans le conflit. Mais également entreprendre une action diplomatique de grande envergure auprès des puissances américaines et européennes qui accordent le soutien politique à leurs multinationales pour favoriser la légalité afin que chaque Etat y trouve son compte. Le contraire retarderait la fin des conflits en RDC et affaiblirait la lutte contre le terrorisme international.
D’où la nécessité d’un leadership fort en RDC pour négocier avec toutes les grandes puissances dans l’esprit et la lettre de l’Acte de Berlin dans le but de développer le Congo et d’éloigner le spectre de la balkanisation de la RDC, avec des groupes armés soutenus séparément par des puissances étrangères qui tirent profit de l’exploitation illicite des minerais congolais.
(DN/PKF/GW/Yes)
Le Potentiel
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